Au Canada, 20% des jeunes de 15 à 19 ans ne fréquentent plus l'école, bien plus que les 15% enregistrés dans les autres pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), révèle une nouvelle étude de Statistique Canada publiée hier.

«Ce chiffre est élevé, puisque la fréquentation scolaire est obligatoire au moins jusqu'à l'âge de 16 ans dans la plupart des provinces et des territoires et jusqu'à l'âge de 18 ans en Ontario et au Nouveau-Brunswick», peut-on lire dans le document de Statistique Canada.

Le taux de décrochage a diminué de 5% depuis 1998 dans les 33 pays de l'OCDE, parmi lesquels se trouvent les États-Unis, le Japon, la France, la Finlande et l'Allemagne. Pendant ce temps, au Canada, le taux de décrochage a stagné à 20%.

«À l'échelle internationale, le Canada fait toujours moins bonne figure que les autres pays de l'OCDE en matière de décrochage scolaire», affirme Michel Perron, professeur à l'Université du Québec à Chicoutimi et titulaire de la chaire de recherche Jeunes, santé, communauté. «Mais plus de recherches internationales doivent être faites si on veut vraiment comprendre pourquoi.»

À l'échelle canadienne, les provinces et territoires du Nord ainsi que la Saskatchewan (23,3%) et l'Alberta (25,5%) présentent les plus forts taux de décrochage scolaire. Le Québec suit avec un taux de décrochage 22,5%, soit bien plus que le voisin ontarien (15,9%).

Psychologue et chercheur à l'Université Laval, Égide Royer croit que le fait que la fréquentation scolaire soit obligatoire jusqu'à 18 ans en Ontario, comparativement à 16 ans au Québec, aide à améliorer la persévérance scolaire. Le fait que les enseignants ontariens soient regroupés dans un ordre professionnel aide aussi en ce sens, selon M. Royer.

M. Perron partage cette opinion. Il ajoute qu'au Québec, les élèves du secondaire sont très nombreux à travailler durant leurs études. «Au secondaire, un élève sur deux travaille pendant l'année scolaire. Le travail devient parfois plus important que les études. Ça joue un rôle dans la persévérance scolaire», dit-il.

M. Perron affirme que le fort taux de décrochage des garçons au Québec doit aussi être considéré. «Ici, les jeunes garçons présentent toujours un taux de décrochage de 10% à 15% plus élevé que les filles. On ne peut pas ignorer cela», soutient-il.

M. Royer, qui vient de publier le livre Leçons d'éléphant: pour la réussite des garçons à l'école, est du même avis. Il ajoute que chez les jeunes garçons, le fait d'avoir ou non des modèles masculins à l'école peut influencer la réussite scolaire.

Or, alors que l'Ontario compte 16% d'enseignants au primaire et 47% au secondaire, le Québec ne compte que 13% d'enseignants au primaire et 38% au secondaire. «C'est un autre facteur dans la persévérance scolaire, note-t-il. On ne peut plus parler de décrochage scolaire sans parler de genre. Un peu comme l'anorexie se manifeste et s'analyse différemment chez les filles et les garçons, la persévérance scolaire doit être traitée de la même façon.»