Surprise! Alors que l'on ne cesse de se désoler du taux de décrochage scolaire chez les garçons québécois, une nouvelle étude de Statistique Canada brosse un portrait plus nuancé de la situation.

S'il est vrai que 11% moins de garçons que de filles au Québec obtiennent leur diplôme d'études secondaires, ils sont tout de même 8% de plus que la moyenne canadienne à y parvenir. Certes tardivement, souvent dans la vingtaine, mais ils finissent par raccrocher. Bref, ce n'est pas tout rose, mais ce n'est pas tout noir non plus.

Au Québec, donc, selon les derniers indicateurs, parus la semaine dernière (basés sur la réalité terrain de 2007), 81% des garçons québécois décrochent un diplôme d'études secondaires. C'est 11% de plus qu'en Ontario.

Les indicateurs de l'éducation mettent aussi en lumière le fait que le problème de persévérance scolaire des garçons n'est pas exceptionnel au Québec: c'est une tendance internationale.

«Les taux d'obtention d'un diplôme de fin d'études secondaires chez les femmes étaient supérieurs à ceux des hommes dans la totalité des provinces et des territoires, ainsi que dans la grande majorité des pays de l'OCDE pour lesquels on dispose de données comparables», écrit Statistique Canada.

Aux États-Unis, le taux d'obtention d'un diplôme d'études secondaires - les deux sexes confondus - est le même qu'au Canada, alors que le taux enregistré au Royaume-Uni (91%) est nettement plus élevé que dans les deux pays nord-américains.

Plus nombreux à raccrocher

Joint par téléphone, l'un des auteurs principaux de l'étude de Statistique Canada, Patrice de Broucker, souligne que oui, les garçons québécois décrochent beaucoup. Mais les derniers chiffres rendent bien compte du fait qu'ils raccrochent aussi très massivement, un phénomène unique au pays. «Si j'enlevais de nos statistiques les personnes de plus de 19 ans, les taux d'obtention du diplôme baisseraient de 20 points de pourcentage au Québec, mais presque pas ailleurs.»

Pour M. de Broucker, cela témoigne de la place très importante qu'occupe l'éducation des adultes au Québec.

Égide Royer, psychologue et chercheur à l'Université Laval, ne voit pas, lui, de quoi se réjouir dans la dernière étude de Statistique Canada. «De la même façon qu'on ne pourrait pas se réjouir d'un taux de mortalité infantile de 20%, on ne peut pas trouver acceptable que 20% des jeunes n'obtiennent pas leur diplôme d'études secondaires.»

On peut d'autant moins s'en réjouir que les francophones sont plus nombreux que les anglophones, au Québec, à ne pas terminer leur secondaire, relève-t-il.

Mais aussi, demande-t-il, puisque ces statistiques englobent aussi les plus vieux qui finissent par obtenir un diplôme d'études secondaires très tardivement, devrait-on vraiment se réjouir si notre beau-frère obtient à 35 ans son diplôme de soudeur?

Socialement, demande Égide Royer, ne serait-on pas en droit de s'attendre à ce qu'un jeune qui entreprend des études secondaires à 12 ans les termine à peu près dans les temps plutôt qu'à l'éducation des adultes?

Dans ce genre de question, l'idée de rendre l'école obligatoire jusqu'à 18 ans a tôt fait de surgir.

Si l'on se fie à l'Ontario et aux plus récentes données de Statistique Canada, on relève que les trois quarts des jeunes de la province voisine décrochent leur diplôme d'études secondaires - donc moins que le Québec qui, encore une fois, voit cependant sa performance nettement haussée par le «raccrochage» à l'éducation des adultes.