C'était au tour des commissions scolaires et des leaders anglophones de s'exprimer hier devant la commission parlementaire sur le projet de loi 103 visant à encadrer les écoles passerelles.

Et ils ont tenu un langage tout autre que celui qu'on avait pu entendre jusqu'ici. Hier, la commission scolaire Lester B. Pearson a décrit un univers parallèle à celui dont ont parlé syndicats, intellectuels, politiciens souverainistes (Louis Bernard) et fédéralistes (Thomas Mulcair).

«L'usage du français n'a jamais été plus fort ni sa primauté comme langue commune du Québec mieux établie», écrit la commission dans son mémoire.

Il n'existe qu'un consensus depuis le début des travaux de la commission: personne n'appuie le projet de loi 103. Mais les raisons des écoles anglophones sont diamétralement opposées à celles des autres intervenants.

En plus de la commission scolaire Pearson, l'Association des commissions scolaires anglophones du Québec (ACSAQ) et la Fédération québécoise des associations foyers-écoles ont déposé des mémoires. Elles qualifient le phénomène des écoles passerelles de «marginal» ou même de «mythe».

Baisse des inscriptions

Selon ces intervenants, le français ne serait pas menacé au Québec. Ils craignent plutôt pour la survie de l'anglais. Robert Libman, cofondateur du Parti égalité, entrevoit même la mort par attrition du système scolaire anglophone. Il souligne notamment que le nombre d'inscriptions dans le réseau public anglais a diminué de 20% depuis 2002.

Or, selon Charles Castonguay, professeur auxiliaire de statistiques et de mathématiques à l'Université d'Ottawa, le réseau public francophone a enregistré la même baisse durant cette période. La cause serait démographique.

Les commissions scolaires anglophones répètent qu'elles ne font pas partie du problème, mais plutôt de la solution. Elles vantent la qualité de leur enseignement du français. «Nos écoles aujourd'hui n'ont plus rien à voir avec les écoles anglophones des années 70, 80 ou même des années 90», soutient la commission Lester B. Pearson.

Certains demandent l'abolition pure et simple de la loi 101, comme Sharad Bhargava, membre du comité de parents de la commission scolaire Pearson, qui s'est exprimée en anglais seulement.

En même temps, la commission scolaire accuse le gouvernement de ne pas s'attaquer à des problèmes qu'elle juge plus sérieux, comme le manque de financement et le décrochage.

La ministre responsable de l'application de la Charte de la langue française, Christine St-Pierre, n'a pas encore reçu d'appui clair à son projet de loi.