Les parents qui avaient intenté un recours collectif contre le ministère de l'Éducation (MELS) et neuf commissions scolaires de la région de Montréal, afin de forcer le milieu de l'éducation à dépister systématiquement la dyslexie et à fournir tous les services requis aux élèves, viennent de perdent leur bataille. Dans un jugement fort attendu, le juge André Roy de la Cour supérieure donne raison au MELS.

En 2005, Jacques Desgagné et Christine Frigon avaient intenté un recours collectif au nom de leur fils Thierry pour protester contre le fait que la commission scolaire des Grandes-Seigneuries n'avait jamais offert de services adéquats ou d'outils qui auraient permis de faciliter les apprentissages de leur fils.

Les requérants plaidaient qu'il en allait de la responsabilité des commissions scolaires de procéder au dépistage systématique des enfants dyslexiques dès la maternelle ou la première année et de leur offrir des moyens d'apprentissage adaptés. Selon eux, le fait que les établissements scolaires ne dépistent pas la dyslexie et n'offrent pas tous les services requis crée de la discrimination.

Le MELS plaidait au contraire que le droit à une éducation gratuite et aux services d'éducation doit s'exercer en tenant compte de différents facteurs, dont les ressources humaines, financières et matérielles. Et les commissions scolaires affirmaient qu'il serait impossible de dépister la dyslexie dès la maternelle chez tous les enfants, car aucun test reconnu scientifiquement ne permet de conclure à la dyslexie et qu'à l'heure actuelle, cette déficience ne peut être reconnue qu'après deux ans d'entraînement à la lecture.

Le jugement était fort attendu chez les parents d'enfants handicapés ou en difficulté d'apprentissage ou d'adaptation (EHDAA). Plusieurs espéraient qu'un jugement favorable soit rendu avant le 25 octobre, date à laquelle se tiendra la grande rencontre ministérielle sur l'intégration des élèves EHDAA. Mais le juge Roy aura finalement donné raison au MELS et aux commissions scolaires.

Dans son jugement, le magistrat écrit qu'il ne peut conclure qu'il y a eu discrimination à l'égard des enfants dyslexiques. «Malgré toute la sympathie qu'éprouve le Tribunal pour ce qu'ont vécu les demandeurs pendant le parcours scolaire de leur enfant, il ne peut conclure qu'on a porté atteinte à leur droit à l'égalité», est-il écrit dans le jugement.

Selon le juge Roy, la question de savoir quels services doivent être offerts aux élèves relève du milieu politique et ne doit pas être tranchée par un tribunal puisqu'il n'y a pas discrimination.

Un des parents inscrits dans le recours collectif a envoyé le jugement à La Presse hier soir. Il n'a pas voulu commenter la décision.