Syndicats d'enseignants, commissions scolaires et directions d'école sont tous sortis sur la place publique, hier, pour réclamer un changement de cap dans l'intégration des élèves en difficulté dans les écoles publiques du Québec.

À l'approche de la journée nationale des partenaires sur l'intégration, lundi à Québec, les intervenants du milieu de l'enseignement ont voulu faire entendre leurs revendications.

Les trois commissions scolaires de l'île de Montréal et celle de Laval ont demandé à la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, de reconnaître le caractère particulier des régions urbaines. «On souhaite l'intégration, mais à certaines conditions. On veut aussi que le gouvernement réalise qu'il y a une concentration d'élèves vulnérables à Laval et à Montréal et qu'il est d'autant plus important que l'intégration soit balisée», a déclaré la présidente de la Commission scolaire de Montréal, Diane De Courcy.

La présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ), Josée Bouchard, est d'accord: «Chaque région est particulière, mais à Montréal, on vit des situations excessives en lien avec l'intégration. Tous les facteurs pour hausser les difficultés sont présents», explique-t-elle.

Manque de ressources

Des enseignants de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) sont venus demander plus d'investissement afin d'augmenter les services offerts dans les écoles pour soutenir l'intégration des élèves en difficulté. «L'intégration telle que pratiquée actuellement ne peut plus durer», a déclaré le président de la FAE, Pierre St-Germain.

Carole Janson, qui enseigne en 1re année, a raconté que 4 des 20 élèves de sa classe font l'objet d'un plan d'intervention. «J'ai dû faire 35 demandes de services pour 12 autres enfants, mais je sais que plusieurs demandes seront rejetées. On manque de ressources», déplore-t-elle.

Selon Nathalie Simard, qui enseigne depuis 16 ans, les services offerts dans les écoles ne cessent de diminuer. «Je n'ai pas d'orthophoniste à mon école. Seuls les pires cas ont des services. On doit s'occuper des cas un peu moins lourds même si on n'est aucunement formé pour le faire. J'ai constamment l'impression de délaisser les élèves qui ont des besoins moindres.»

«Le gouvernement, en appliquant une politique d'inclusion à tout prix dans les écoles publiques tout en finançant à hauteur de 500 millions par année les écoles privées du Québec, affaiblit le réseau public», a déclaré M. St-Germain.

Le président de l'Association montréalaise des directions d'établissement scolaire (AMDES), Gaétan Neault, abonde dans son sens: «Il y a une incohérence dans le système. On tolère l'homogénéité des élèves au privé mais, au public, on veut une école inclusive...» Selon lui, alors que la journée de lundi ne s'attardera qu'à l'intégration au primaire et au secondaire, des interventions devraient être prévues au préscolaire et à la formation générale des adultes.