L'Université Laurentienne de Sudbury avait écrit une page d'histoire, il y a deux ans, en nommant Dominic Giroux, alors qu'il n'avait que 33 ans, au poste de recteur.

Elle compte en écrire une deuxième en confiant à Aline Chrétien, la femme de l'ancien premier ministre Jean Chrétien, le poste de chancelière.

Mme Chrétien, qui entreprend aujourd'hui même son mandat de trois ans, est la première femme à occuper ces fonctions depuis la fondation de l'établissement, il y a 50 ans.

L'Université mise sur la jeunesse de M. Giroux et sur la sagesse de Mme Chrétien pour augmenter son rayonnement au pays et à l'étranger et encourager les jeunes à poursuivre des études universitaires dans un monde en constante évolution et de plus en plus concurrentiel.

Dans une entrevue accordée à La Presse, Mme Chrétien a soutenu que l'éducation constitue un moyen efficace pour combattre la pauvreté qui afflige encore trop de familles canadiennes.

«Je viens d'un milieu très modeste. J'ai vu de près la différence que peut faire l'éducation dans la vie d'un individu. L'éducation ouvre de nouveaux horizons. C'est un des messages que je veux livrer aux jeunes», a dit Mme Chrétien.

Elle a aussi affirmé qu'il n'est jamais trop tard pour apprendre. «J'ai appris à jouer du piano à 54 ans», a-t-elle lancé. Elle a aussi appris l'anglais, l'italien et l'espagnol au fil des ans.

«Jean me dit toujours: «Grouille ou rouille!» Et c'est vrai. On est plus en forme si on bouge.»

Restée généralement dans l'ombre durant les 40 ans de vie politique de son mari, Mme Chrétien affirme : «Ce sera au tour de Jean de me seconder dans mes tâches.»

Fonctions variées

À titre de chancelière, Mme Chrétien présidera les cérémonies importantes, remettra les diplômes, conseillera le recteur Dominic Giroux et aidera à promouvoir l'institution, l'une des deux seules universités bilingues de l'Ontario. En plus d'être intronisée aujourd'hui, elle doit remettre leur diplôme à quelque 250 étudiants.

«Sudbury me fait beaucoup penser à Shawinigan. C'est une petite communauté. Les gens sont vraiment extraordinaires», dit-elle.

Mme Chrétien n'a pas hésité à accepter ce poste, dit-elle, d'autant moins que l'Université Laurentienne accueille de nombreux étudiants autochtones et contribue au rayonnement de la francophonie canadienne - deux causes qui sont chères au couple Chrétien.

Durant sa carrière, Jean Chrétien n'a jamais caché son affection pour les francophones hors Québec. Quand il est revenu à la politique, en 1990, il s'est fait élire dans la circonscription acadienne de Beauséjour, au Nouveau-Brunswick, avant de revenir à Shawinigan trois ans plus tard.

«Les francophones hors Québec ont beaucoup de mérite d'avoir réussi à garder leur langue», estime Mme Chrétien, qui a obtenu un doctorat honorifique de l'Université Laurentienne en 2003.

L'Université Laurentienne compte 9000 étudiants, dont 11% d'Amérindiens. Sa clientèle a augmenté de 50% au cours de la dernière décennie.

Choix unanime

Le recteur Dominic Giroux a affirmé que Mme Chrétien s'est vite imposée comme un choix unanime lorsque le conseil des gouverneurs s'est mis à la recherche d'un premier chancelier.

«Nous avons tenu des consultations dans la communauté universitaire. Nous avions plusieurs suggestions. Mais lorsque le nom de Mme Chrétien a été évoqué, il y a eu un silence au conseil des gouverneurs parce qu'il y avait là toutes les conditions gagnantes que l'on recherchait», a dit M. Giroux. Il a rappelé que Jean-Noël Desmarais, le grand-père du gendre de Mme Chrétien, André Desmarais, est l'un des gouverneurs fondateurs de l'Université Laurentienne.

«Mme Chrétien a un attachement à la jeunesse, à l'éducation, aux langues officielles et au développement des Premières Nations», a dit M. Giroux.