Quelque 180 enfants de 6 à 12 ans de la région de Lanaudière sont maintenant suivis pas à pas par les commissions scolaires, par les CLSC et par la DPJ. Ce nouveau programme de 2,3 millions de dollars est exceptionnel, non seulement parce qu'il met à contribution tous ces organismes, mais aussi parce que les enfants peuvent ou non avoir fait l'objet d'un signalement à la DPJ.

Sur la base des travaux des chercheuses Nadia Desbiens et Marie-Hélène Gagné, les centres jeunesse ont désigné sans mal les enfants à aider de façon prioritaire: ceux qui ont déjà un problème de comportement et dont les parents sont totalement dépassés.

Pour pouvoir suivre ces enfants d'aussi près - toutes les semaines -, les centres jeunesse de Lanaudière, de façon astucieuse, ne s'en sont pas remis au ministère de la Santé, leur habituel bailleur de fonds, mais au Centre national de prévention du crime.

L'argument de vente: un enfant réchappé peut faire un prisonnier de moins dans quelques années.

«Le financement annoncé aujourd'hui montre que le gouvernement appuie les programmes qui aident les jeunes à risque à faire des choix judicieux et à ne pas se laisser entraîner dans des activités criminelles», a déclaré hier le député conservateur Daniel Petit au nom du ministère canadien de la Sécurité publique.

«On cible des jeunes qui vivent de la négligence ou de l'adversité familiale», a expliqué Caroline Jacques, coordonnatrice du programme dans Lanaudière.

La majorité des enfants que l'on suit étaient déjà connus de la DPJ, mais certains ne l'étaient pas. Quand d'autres enfants ont été retenus, on a abordé leurs parents en toute délicatesse, explique Mme Jacques, en leur faisant comprendre qu'il s'agissait de les aider et non pas d'envahir leur quotidien.

Alain Gauthier, qui intervient directement auprès des enfants, explique que, avant, il ne pouvait voir ses petits protégés qu'aux trois semaines.

«Ce qui est particulier, ici, poursuit M. Gauthier, c'est que je vois les enfants et les parents aux semaines ou, au pire, aux deux semaines. De plus, chaque semaine, je parle avec les gens du CLSC ou avec le psychoéducateur au dossier. Et tous les trois mois, au besoin, à la lumière des résultats obtenus, nous revoyons le plan d'intervention.»

Pierre Racette, directeur général des centres jeunesse de Lanaudière, note que Québec, qui subventionne habituellement les centres jeunesse, n'entend manifestement pas faire de bataille de compétence dans le cas de cette subvention accordée par Ottawa. «Il n'y a pas de problème. D'ailleurs, les députés provinciaux étaient à la conférence de presse.»

M. Racette note au surplus que les centres jeunesse de Lanaudière, une région où les besoins sont particulièrement criants, auraient besoin d'au moins 10 millions de plus pour suffire à la demande.