Québec a payé 20 millions l'îlot Voyageur et 25,5 millions pour acquérir les droits de gestion de la Station centrale d'autobus. Mais quel sera le coût réel d'acquisition du projet? Le public ne le saura que dans les prochaines semaines, quand le sort des étages supérieurs de l'îlot Voyageur, qui ne sont toujours pas terminés, sera connu.

Pour le porte-parole de l'opposition officielle pour le Conseil du Trésor, Sylvain Simard, il est temps que le gouvernement donne un aperçu des dépenses réelles dans ce qu'il qualifie de «fiasco». «Pour finir les étages, ça va coûter entre 125 et 200 millions au moins. Plus les 200 millions mis de côté pour éponger la dette que le gouvernement a payé à l'UQAM en 2008, plus les coûts d'achat... On parle de beaucoup d'argent», dit-il.

François Bonnardel de l'ADQ estime que l'achat de l'îlot Voyageur par Québec est une «très mauvaise nouvelle». «Déjà, les coûts de ce projet ont explosé. Et là, on achète un îlot de béton à l'abandon pour des millions. On joue avec l'argent des contribuables», dit-il.

Le ministre des Finances, Raymond Bachand, se réjouit quant à lui de la transaction. Il annonce que la Station centrale d'autobus de Montréal déménagera au cours des prochains mois dans l'îlot Voyageur. Différents scénarios d'utilisation seront étudiés pour les étages, et les coûts seront connus en temps et lieu.

La Presse a révélé, hier matin, que le gouvernement du Québec par l'entremise de la Société immobilière du Québec (SIQ), a mis fin à une saga de cinq ans en achetant l'îlot Voyageur aux copropriétaires, la firme Busac et l'Université du Québec à Montréal (UQAM).

Le ministre Bachand s'est dit heureux car l'intersection de la rue Berri et du boulevard De Maisonneuve, où se trouve l'îlot Voyageur, pourra se développer. «On va avoir un stationnement, un terminal d'autobus, les étages qui sont construits, et maintenant, on va pouvoir penser au lotissement immobilier pour terminer un projet, soit avec le privé, soit avec la société immobilière elle-même», a expliqué le ministre.

M. Bachand a reconnu que le dossier de l'îlot Voyageur n'est «pas le plus beau dossier de la gouvernance universitaire dans l'histoire du Québec». Mais il a assuré que des mécanismes sont maintenant en place pour éviter que de telles erreurs ne se répètent.

À l'UQAM, on est satisfait de l'entente. «On vient de clore un chapitre difficile de notre histoire, déclare le recteur de l'UQAM, Claude Corbo. On est reconnaissants au gouvernement de nous permettre de nous en sortir.»

Pour l'instant, l'UQAM ignore si elle occupera ou non les locaux de l'îlot Voyageur. «On doit d'abord finaliser notre plan directeur immobilier et voir à quel point on a besoin d'espace. On verra ensuite», se contente de dire M. Corbo.

Le projet de l'îlot Voyageur a été lancé en 2005. Avec son partenaire d'affaires Busac, l'institution voulait y installer des résidences pour étudiants, des bureaux, un stationnement souterrain, des salles de classe et la Station centrale d'autobus.

Mais la mauvaise gestion du projet immobilier a fait enfler les coûts. Les déboires financiers de l'UQAM dans ce dossier ont été tels que les travaux ont été interrompus à l'îlot Voyageur en 2007.