«Nous, on a fait un robot qui chante et qui danse!» Hier matin, à l'hôtel de ville de Montréal, Mélissa et Sara, deux élèves de cinquième secondaire de l'école Pierre-Dupuy, montraient fièrement leur machine robotisée qui tournoyait sur elle-même en laissant entendre une petite musique.

Dans le cadre d'un projet organisé par Fusion jeunesse, un organisme qui encourage la persévérance scolaire, des élèves de différentes écoles montréalaises ont créé l'an dernier des robots et participé à une compétition régionale. Pour Sara, ce projet a été un vrai bonheur. «Je n'aime pas du tout les sciences. Mais j'aime la robotique! J'ai adoré faire mon robot», dit l'adolescente.

Cette année, un plus grand nombre encore d'élèves pourront mener des projets semblables et s'intéresser un peu plus à l'école, si l'on se fie au président de Fusion jeunesse, Gabriel Bran Lopez. Hier matin, il a annoncé avoir amassé 1,1 million de dollars grâce à l'importante collaboration du milieu des affaires. Cet argent servira à financer différentes activités dans les écoles pour contrer le décrochage scolaire.

«Au Québec, 31% des jeunes n'ont pas de diplôme secondaire à l'âge de 20 ans. Même si on a obtenu de bons résultats cette semaine aux tests internationaux, il faut agir», a soutenu M. Bran Lopez avant d'annoncer la série de projets qui se réaliseront cette année.

Les universités québécoises ont notamment versé 230 000$ afin que des étudiants puissent agir à titre de mentors dans les écoles. Élève à l'école Calixa-Lavallée, Ramsay a participé à des ateliers de musique donnés par un mentor depuis le mois de septembre. «J'ai découvert que Calixa-Lavallée a plein de talents!» a-t-il témoigné.

L'Opéra de Montréal a lui aussi décidé de participer à la lutte contre le décrochage. Dès 2011, l'Opéra collectera des instruments de musique d'occasion auprès de la population québécoise pour les redistribuer dans les écoles. Déjà, 40 000$ ont été amassés pour mener à bien ce projet.

Le président de Bombardier, Laurent Beaudoin, a quant à lui annoncé la création de l'organisme Robotique FIRST Québec. Ce groupe aidera les élèves québécois à organiser des compétitions régionales de robotique et à prendre part à des épreuves internationales.

Cette année, 13 écoles ont participé à un concours international grâce à l'aide financière de différentes entreprises. «Avec Robotique FIRST Québec, on veut que 70 écoles y participent», a déclaré M. Beaudoin.

Président de BMO Groupe financier Québec et président du conseil d'administration de Fusion jeunesse, Jacques Ménard a qualifié d'«historique» la mobilisation générale de la société québécoise. «C'est la meilleure façon de s'attaquer au décrochage», a-t-il déclaré.

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, estime quant à lui que Montréal a atteint «la masse critique pour faire bouger les choses» et réduire le décrochage.

Selon des statistiques publiées cette semaine, le taux de décrochage dépasse 40% dans 19 écoles québécoises. C'est l'école Pierre-Dupuy de Montréal qui a le pire taux, avec 65%. La présidente de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), Diane De Courcy, a toutefois tenu à préciser: «Au cours de la dernière année seulement, le taux de décrochage a diminué de 10,2% à Pierre-Dupuy. C'est énorme!» Selon Mme De Courcy, c'est la preuve que la lutte contre le décrochage porte ses fruits.