La popularité croissante des cégeps en anglais parmi les francophones et allophones suscite de l'inquiétude au sein de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).

La centrale a dévoilé jeudi les résultats d'une étude portant sur les motivations et les raisons qui les incitent à choisir le cégep anglais. Cette étude a été réalisée, à la demande de la CSQ, par l'Institut de recherche sur le français en Amérique (IRFA).

Un des auteurs de l'étude, Patrick Sabourin, souligne que la très grande majorité des étudiants du cégep anglais reconnaît avoir l'intention de travailler en anglais ou de poursuivre ses études à l'université en anglais après le niveau collégial.

Cette nouvelle étude alimentera une réflexion qui a cours depuis plusieurs mois à la CSQ alors que certains envisagent d'étendre l'application de la loi 101 au réseau collégial.

L'analyse effectuée démontre que les chances de choisir un cégep dont la langue d'enseignement est l'anglais augmentent chez ceux qui parlent déjà cette langue à la maison, ceux qui ont réalisé leur cinquième année de secondaire en anglais ou qui n'ont pas de parent de pays francophones ou de langue maternelle latine.

Des facteurs liés aux préférences personnelles motivent également le choix du cégep en anglais. Cette langue d'enseignement peut s'avérer d'un véritable attrait, alors que le choix d'un cégep francophone est favorisé, principalement, pour la seule disponibilité d'un programme.

«Ces résultats ne sont pas une surprise. Par contre, il est frappant de constater que le cégep n'est pas une étape ponctuelle pour apprendre l'anglais, mais bien une démarche qui s'inscrit parfois dans un projet de vie beaucoup plus large», a précisé Patrick Sabourin.

Depuis quelques années, les demandes d'admission progressent plus rapidement dans les cégeps anglophones. Malgré tout, le chercheur refuse de céder à un scénario catastrophe pour les institutions d'enseignement francophones.

«S'alarmer c'est peut-être un peu exagéré, mais le cégep anglais grignote des ressources du cégep français. Disons que ça demeure préoccupant», a nuancé M. Sabourin.

La CSQ est encore loin d'avoir arrêté sa position quant aux avenues à privilégier afin de favoriser une plus grande participation aux cégeps français. Cette étude risque néanmoins d'alimenter sa réflexion.