L'Université McGill vient d'être punie pour son MBA à 30 000$. Le ministère de l'Éducation réduira ses subventions de 2 millions de dollars.

Pour le ministère de l'Éducation, la décision d'offrir un MBA aussi coûteux contrevient non seulement aux règles budgétaires en vigueur, mais aussi au principe d'accessibilité.

La réduction de 2 millions correspond au financement normalement accordé pour la formation de 200 étudiants inscrits au programme pendant un an. À cette somme s'ajoute la subvention pour les 57 étudiants inscrits à l'automne 2010.

«Cet ajustement à la baisse sera appliqué jusqu'à ce que la situation ait été régularisée, a déclaré Line Beauchamp, ministre de l'Éducation. Toutefois, je ne saurais accepter que cette réduction de la subvention ait un effet sur la qualité des services offerts aux étudiants.»

Louis-Philippe Savoie, président de la Fédération étudiante universitaire du Québec, n'est pas impressionné par la «punition» imposée à McGill.

«D'abord, il était plus que temps que ça vienne. La ministre a mis un an et demi à punir McGill. Ensuite, quelles sont les prochaines étapes? Il faut que l'Université McGill cesse de faire cavalier seul et de jouer au ministère de l'Éducation. (...) La ministre de l'Éducation, ce n'est pas Heather Munroe-Blum (principale de l'Université McGill). À un moment donné, si McGill ne recule pas, il va falloir que le gouvernement du Québec rajuste le tir. Ce n'est pas vrai que le gouvernement doit accepter de se faire mener par un département d'université.»

D'autres universités - HEC Montréal et l'Université Laval - offrent aussi des programmes qui coûtent une dizaine de milliers de dollars, mais la FEUQ n'y voit pas de problème: ces programmes ne sont pas généraux comme le MBA, mais s'adressent à une clientèle particulière. À l'inverse, «le MBA de McGill, c'est comme si on déréglementait un programme de sciences politiques», a dit M. Savoie.

Il y a quelques semaines, des étudiants au MBA de l'Université McGill s'étaient plaints de ce que leurs prêts et bourses avaient été réduits sous prétexte que le programme était désormais autofinancé.

L'Université McGill, qui n'a jamais voulu reculer depuis le début de cette affaire, pourra vraisemblablement se consoler de sa pénalité un peu plus tard cette semaine puisque tout indique que le budget provincial de jeudi haussera sensiblement les droits de scolarité. Cela garnira ses coffres, au même titre que ceux des autres universités.

Lundi, cependant, l'Université McGill n'a pas voulu commenter la pénalité qui lui a été infligée par Québec, préférant réserver ses commentaires pour aujourd'hui.