Au cours des derniers mois, de nombreux parents se sont plaints de l'administration de l'école À pas de géant, qui reçoit des enfants autistes. Les parents disent subir beaucoup de pression pour médicamenter leurs enfants. Certains affirment même qu'ils ont reçu des menaces d'expulsion s'ils ne se pliaient pas à cette exigence. Les critiques ont été si nombreuses et sérieuses qu'une plainte a été portée au ministère de l'Éducation avant Noël et qu'une enquête a été ouverte, a appris La Presse.

«On recevait des appels de parents qui se plaignaient tous des mêmes choses. Les parents aiment l'école, mais ils en dénoncent la gestion. On a commencé à s'inquiéter et on a demandé au ministère de l'Éducation d'intervenir», a résumé Électra Dalamagas, responsable de l'intervention familiale à l'organisme Autisme et troubles envahissants du développement Montréal.

Certains parents se sont fait demander d'aller consulter un spécialiste pour obtenir un diagnostic ou un traitement pour leur enfant. «Quand le diagnostic ne fait pas l'affaire de la directrice de l'école, qui est aussi médecin, elle exige que l'on consulte un autre spécialiste», raconte Mme Dalamagas.

Plusieurs parents se sont plaints du fait qu'il n'y a pas de psychologue dans l'établissement. D'autres estiment que l'école utilise incorrectement des méthodes punitives. «Les locaux d'isolement sont grands comme des penderies et ne sont pas matelassés. Des enfants peuvent y rester une heure, une heure et demie, indique Mme Dalamagas. On estime qu'il est périlleux d'y avoir recours alors qu'il n'y a pas de psychologue dans l'école.»

L'école nie

La directrice de l'école À pas de géant, Jocelyne Lecompte, assure que les récriminations des parents ne sont pas fondées. Elle confirme qu'il n'y a pas de psychologue à l'école. «Mais on en a en consultation, assure-t-elle. On a aussi 105 employés pour 72 élèves. Tous ont une grande expertise. L'encadrement est excellent.»

Mme Lecompte affirme que son établissement est réputé et que 400 enfants sont sur la liste d'attente. «On a récemment ajouté un spécialiste en gestion du comportement», dit la directrice. Mme Lecompte ajoute que les salles de retrait ne sont utilisées qu'avec deux enfants et que le recours à cette salle est prévu dans le plan d'intervention de l'établissement. «On ne les utilise que lorsqu'il y a un danger imminent pour l'enfant ou pour quelqu'un d'autre», explique Mme Lecompte.

Si la quasi-totalité des parents qui se sont plaints à Autisme Montréal estime que le personnel de l'école est dévoué, plusieurs reprochent à Mme Lecompte d'être méprisante et autocrate. «Les parents sentent qu'ils doivent lui obéir, sinon ils se font menacer de voir leur enfant expulsé. Ce n'est pas normal que les parents aient peur.» Deux parents qui préfèrent garder l'anonymat ont communiqué avec La Presse et ont dit subir ce genre de pression. «Ce n'est pas normal de toujours avoir peur de représailles», a dit une mère.

Elle-même mère d'un enfant autiste, Mme Lecompte dit «comprendre» les parents qui ont porté plainte. «On ne peut pas les blâmer. C'est dur pour eux, dit-elle. Parfois, on dit aux parents que, comme école, on est rendu au maximum de ce qu'on peut faire avec leur enfant. Que les problèmes de comportement sont devenus trop difficiles à gérer avec de jeunes adultes. Mais les parents n'acceptent pas toujours. Je les comprends. On a toujours espoir que notre enfant guérisse.»

Le Ministère confirme

Le ministère de l'Éducation (MELS) confirme qu'une plainte a été portée contre l'école À pas de géant. La porte-parole du MELS, Esther Chouinard, explique que le gouvernement «privilégie une approche d'échange» et que les parties ont été rencontrées. Un suivi est en cours afin de s'assurer que l'école À pas de géant «dispose des ressources matérielles et humaines appropriées».

L'école À pas de géant accueille 72 élèves âgés de 4 à 21 ans souffrant de troubles envahissants du développement. L'école est financée à 100% par le gouvernement du Québec, mais les parents doivent tout de même débourser environ 5000$ par année.