Les jeunes ne font que 14 minutes d'activité physique (d'intensité modérée à vigoureuse) entre la fin des classes et le souper, selon le Bulletin de l'activité physique chez les jeunes 2011 de Jeunes en forme Canada. De 15h à 18h, les moins de 18 ans consacrent 92% de leur temps à des activités sédentaires ou légères.

«Il y a place à l'amélioration», a dit à La Presse Jean-Philippe Chaput, professeur en kinésiologie à l'Université d'Ottawa, qui a participé à la confection du bulletin. Les notes attribuées hier sont celles de cancres: les jeunes reçoivent un F pour leur niveau d'activité physique. Seulement 4% des filles et 9% des garçons atteignent la norme d'au moins 60 minutes d'activité modérée à vigoureuse par jour, souligne Jeunes en forme Canada.

Les enfants et ados passent six heures par jour devant un écran - sept les fins de semaine -, ce qui leur vaut un autre F. Les trois quarts des parents «nous révèlent que leurs enfants regardent la télé, lisent ou jouent à des jeux vidéo ou à l'ordinateur après l'école», précise le Bulletin. Presque autant de parents (72%) affirment que leurs enfants n'ont pas accès à des programmes supervisés d'activité physique après la classe. «Il s'agit d'une fenêtre de temps que l'on pourrait utiliser pour que les jeunes bougent plus», a suggéré M. Chaput.

«Au Danemark, il est normal de bouger et de faire du sport: il y a des pistes cyclables partout, a illustré le professeur. Ici, on construit des villes pour les voitures. Il ne s'agit pas d'une faute individuelle, mais collective.» Les municipalités reçoivent un D- de Jeunes en forme Canada: plus de 80% d'entre elles «ne demandent pas l'aménagement de voies sécuritaires pour la marche et le vélo» lors de la construction de nouvelles routes.

Le crédit d'impôt désavantage les pauvres

Ottawa récolte un F pour ses dépenses liées à l'activité physique, «qui ont diminué de moitié par rapport à 1986», a indiqué M. Chaput. Le gouvernement de Stephen Harper a créé un crédit d'impôt pour les cours de sport des enfants, «mais la recherche montre que ce sont les familles à revenu moyen à élevé qui en bénéficient le plus, a souligné le chercheur. On n'a pas visé dans le mille».

Les jeux libres et actifs dehors sont aussi en déclin, les parents craignant d'éventuels dangers pour leur progéniture. «Le fait de courir et de marcher dehors et dans la nature contribue à réduire les niveaux de colère, d'anxiété, de fatigue et de tristesse, tout au augmentant les niveaux d'énergie», fait pourtant valoir l'organisme.

Le Québec, derrière la Colombie-Britannique

Parmi les solutions figure une hausse du nombre d'heures consacrées au sport à l'école. Les parents indiquent que 44% des enfants canadiens ont des cours d'éducation physique une ou deux fois par semaine, 25% trois ou quatre fois et 22% n'en ont pas, selon le bulletin. «C'est une soupape pour les jeunes», a plaidé M. Chaput.

Rare bonne nouvelle: le Québec est au-dessus de la moyenne canadienne pour promouvoir l'activité physique chez les jeunes, entre autres grâce à l'organisme Québec en forme. Seule la Colombie-Britannique a un bulletin plus reluisant.