Marc-André, Valérie, Karine, Annie. Quatre jeunes adultes aux parcours à la fois semblables et différents. Troubles graves de comportement, difficulté d'apprentissage, dyslexie non diagnostiquée, ils ont abouti dans des classes spéciales et ont décroché à 16 ans.

Dans le débat sur l'intégration des élèves handicapés ou en difficulté d'apprentissage ou d'adaptation (EHDAA), leur discours est un véritable cri du coeur. «Non à l'exclusion», disent ces jeunes, qui tentent aujourd'hui de reprendre leur vie en main. Ils fréquentent tous La Boîte à lettres, un organisme de Longueuil qui travaille en alphabétisation.

À 23 ans, Marc-André cherche encore à oublier l'étiquette «trouble de comportement» qui lui colle à la peau depuis l'école primaire. Les oreilles de Valérie, 29 ans, résonnent toujours des noms méchants dont l'affublaient les autres élèves.

Karine, 24 ans, après avoir passé sa scolarité en cheminement particulier pour des troubles de comportement, a appris avec stupeur à l'âge adulte qu'elle était dyslexique. Elle espère que sa fille de 3 ans, suivie en orthophonie, n'aura pas le même parcours qu'elle.

«Ce qui fait que ça ne fonctionne pas, avec les classes spéciales, c'est qu'on est mis à part», croit Karine. À l'école, elle ne côtoyait jamais les élèves des groupes ordinaires. Ni aux récréations, ni à l'heure du dîner, ni même à la sortie des classes. «Les classes spéciales sortaient après.»

Les écoles manquent de ressources, croit pour sa part Annie, qui était plus lente à apprendre. «Au lieu de construire des classes spéciales, il faut investir dans les services. Moi, j'ai été pas mal toute seule dans l'école. En deuxième année, je me souviens que le professeur me criait après. Ce n'est pas comme ça que je pouvais apprendre.»

L'intégration des EHDAA dans les classes ordinaires est en légère progression. Elle atteint aujourd'hui 65,1% dans l'ensemble du Québec, révèlent les données du ministère de l'Éducation.

Un véritable défi

La question de l'intégration pose un réel défi, selon Gérald Boutin, professeur au département d'éducation et de formation spécialisées de l'UQAM et membre de la coalition Pour une intégration réussie.

Entre l'exclusion totale que certains souhaitent et l'inclusion totale que d'autres préconisent, «le vrai danger, actuellement, c'est qu'il y a des positions très contrastées», croit M. Boutin.

«L'intégration doit se faire au bénéfice des uns et des autres», précise l'auteur de plusieurs ouvrages sur la question. Et malheureusement, la société n'a pas encore fait de véritable réflexion à ce sujet. «Il faut un véritable état des lieux, sinon on fait du sur-place», presse M. Boutin.