Dans la foulée des dernières négociations pour le renouvellement de la convention collective des enseignants, Québec avait mis sur pied deux comités paritaires avec pour mandat de formuler des recommandations sur l'intégration des élèves HDAA.

En février dernier, devant l'impasse des travaux, un conciliateur a été nommé. Maintenant, à deux semaines de la date butoir du 1er juin, le pessimisme règne à la table de négociations.

Le processus est si complexe que certains se demandent même si la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, sera en mesure de publier de nouvelles lignes directrices en septembre, comme promis.

«À ce moment-ci, nous ne sommes pas très optimistes», a reconnu la présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE-CSQ), Manon Bernard.

Dès le début des travaux, la ministre avait précisé qu'il n'y aurait aucun budget supplémentaire pour l'intégration des élèves handicapés ou en difficulté. Il y a deux semaines, les commissions scolaires ont en outre appris avec surprise qu'elles devraient retrancher 110 millions de leurs budgets.

C'est un obstacle majeur aux yeux des syndicats. «On sent une non-reconnaissance des problèmes. Depuis le début, les travaux doivent se faire à l'intérieur des budgets consentis», précise Mme Bernard.

Même son de cloche du côté de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE). «On s'entend sur des principes. Mais quand nous en arrivons à des moyens bien précis, c'est là que les divergences se font jour», explique le vice-président à la vie professionnelle, Sylvain Mallette.

Le fait qu'il n'y ait pas d'argent «freine les travaux et empêche de proposer des solutions concrètes parce que l'objectif que nous avons, c'est qu'il y ait des changements tangibles dans les classes», ajoute M. Mallette. Il se demande maintenant comment la ministre pourra publier ses lignes directrices en septembre, d'autant plus que cela doit se faire «en concordance avec les travaux des comités paritaires», avait précisé le Ministère.

Au cabinet de la ministre Beauchamp, on indique que tout se déroule selon l'échéancier prévu.

Des milliers de personnes à Québec

En marge de ces travaux, des milliers de personnes se sont réunies devant l'Assemblée nationale samedi, à l'invitation de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE), pour exiger une école qui répond aux besoins de tous ses élèves.

La Fédération québécoise des comités de parents était du nombre. Son président, François Paquet, estime bien sûr qu'il faudrait plus de ressources sur le terrain, mais il est possible selon lui d'apporter aussi de petits changements qui auront de grands impacts.

«On ne dira jamais non à l'ajout de professionnels, mais quand il n'y en a pas, il faut trouver autre chose, car ce qu'il faut, c'est répondre aux besoins de l'élève qui est dans la classe aujourd'hui», dit-il.

Le fait d'améliorer la communication avec un canevas d'intervention qui suivrait l'élève d'année en année - au lieu de réexpliquer ses besoins à chaque début d'année scolaire - en est un exemple.