Il n'est pas rare que les élèves de la Mosaïque croisent leurs parents dans les couloirs de l'école. Et pour cause: beaucoup de nouveaux arrivants y trouvent leur premier emploi.

La cloche va bientôt sonner l'heure du midi et, dans les trois réfectoires de l'école, le personnel s'active pour accueillir les enfants. Près de 90% des surveillants du midi sont des immigrés, pour la plupart parents d'élèves. Sur la porte du secrétariat, une affiche les invite d'ailleurs à offrir leurs services pour la surveillance.

«L'école offre souvent une première chance aux parents», explique la directrice de l'école, Isabelle Boivin.

Systématiquement, la directrice demande leur curriculum vitae aux parents qui offrent leur aide. «On y déniche parfois des perles rares», dit-elle.

C'est le cas d'une mère qui était orthophoniste dans son pays. Une ressource en demande au Québec. Elle ne peut pratiquer avant d'avoir passé les examens de l'Ordre, mais elle peut offrir du soutien linguistique. Une autre a été recrutée comme technicienne spécialisée auprès des enfants en difficulté.

Plusieurs enseignants viennent également de l'étranger, que ce soit de la Roumanie, de l'Égypte ou du Liban.

«Ce sont des modèles pour nos élèves. Ils voient que oui, immigrer, c'est difficile, mais qu'on peut réussir et être heureux», souligne Mme Boivin.

Préjugé favorable

L'école doit évidemment respecter la liste de priorités au moment d'embaucher du personnel. Mais avec un préjugé favorable aux immigrés. «Je suis disposée à rencontrer les gens et choisir en fonction de leurs compétences, sans égard à la difficulté de prononciation de leur nom ou de leur pays d'origine», précise la directrice.

Nicoleta Leonte, qui enseigne dans une classe d'accueil depuis quatre ans, y voit beaucoup d'avantages. «Au début de l'année, ça rassure les parents parce que je parle russe et roumain», dit-elle.

Arrivée au pays il y a sept ans, elle connaît les défis auxquels doivent faire face les immigrants. Elle se considère toutefois comme privilégiée puisqu'elle n'a pas eu besoin de retourner étudier pour obtenir des équivalences, contrairement à plusieurs de ses collègues.

Fouad Antoun, pour sa part, a quitté l'Égypte il y a maintenant deux ans et demi. «Je voulais assurer un meilleur avenir à mes enfants», explique-t-il d'entrée de jeu. Il a passé l'examen de français qu'exige le ministère de l'Éducation, et il est à obtenir ses équivalences. En attendant, il a fait de la suppléance. C'est ainsi qu'il a obtenu un remplacement prolongé dans une classe d'accueil d'élèves de 9 et 10 ans.

Dans la classe d'accueil des élèves de deuxième année, Carla Miertoiu insiste pour sa part sur la chance qu'elle a. Roumaine d'origine, elle fait de la suppléance dans les écoles. C'est de cette façon qu'elle a obtenu un poste de remplacement dans une classe. «C'est ma première chance au Québec. J'aime tellement enseigner, je suis si contente!», dit-elle, rayonnante.

Ce bassin multiethnique représente un atout pour l'école, croient plusieurs. Pour les autres membres du personnel, ce contact avec d'autres cultures est enrichissant.