À quelques semaines de la rentrée scolaire, les étudiants augmentent la pression sur le gouvernement Charest pour qu'il abandonne la hausse des frais de scolarité adoptée dans le dernier budget provincial.

Après leurs collègues des Fédérations collégiale et universitaire du Québec, vendredi, une centaine de membres de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) ont manifesté samedi.

Quelque 40 militants de l'ASSÉ étaient présents pour interpeller les jeunes libéraux à leur congrès annuel à l'université Bishops, à Lennoxville. «On était presque une centaine tantôt. On est en plein été, un samedi, et les étudiants travaillent pour payer leurs frais de scolarité qui explosent», a indiqué Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de l'ASSÉ.

«Toi, c'est qui qui a payé tes études?», lançaient les militants aux jeunes libéraux qui revenaient du lunch.

«Les jeunes libéraux devraient avoir honte de jeter hors des bancs d'école des milliers d'étudiants et d'étudiantes, a déclaré M.  Nadeau-Dubois. Hausser les frais de scolarité, ça revient à briser les projets de vie de milliers de personnes qui devront abandonner leurs études simplement parce qu'ils ne sont pas assez riches!»

Le porte-parole de l'ASSÉ est pour le moins sceptique des intentions du gouvernement. «La bonification de l'aide aux études annoncée par le gouvernement ne vise qu'une chose : décourager les étudiants et étudiantes de se mobiliser. C'est de la poudre aux yeux pour nous. Ce qui est offert par le gouvernement ne va toucher qu'une infime minorité des étudiants. Même pas 20% des étudiants vont voir une différence.»

Selon M. Nadeau-Dubois, la solution serait toute simple. Il croit que les impôts ne seraient pas assez élevés au Québec. «L'argent au Québec, il y en a, il y en a beaucoup, il suffit d'avoir la volonté politique d'aller le cher». Il faudrait donc imposer davantage les «grandes entreprises» et les «contribuables les plus fortunés».

Menace de grève

L'ASSÉ annoncera le 22 août prochain les actions qu'elle entend prendre pour accentuer la pression sur le gouvernement. Mais elle menace déjà de déclencher une grève à la fin de l'année ou l'hiver prochain. «Si à la fin de l'automne, le gouvernement libéral n'a pas reculé, on n'exclut pas du tout la possibilité de débrayer. On espère ne pas se rendre là, mais connaissant la surdité traditionnelle du PLQ, on ne serait pas étonnés.»

La FECQ et la FEUQ aussi

Réputées plus modérées, les Fédérations collégiale et universitaire du Québec (FECQ et FEUQ) n'évoquent pas pour le moment le déclenchement d'une grève étudiante. «Pour faire la grève, il faut que les étudiants soient prêts, a souligné le porte-parole de la Fédération étudiante universitaire du Québec. Nous ne sommes pas rendus là, mais nous n'écartons pas la possibilité.»

La FECQ et la FEUQ intensifient cette semaine leur présence devant les bureaux du ministère de l'Éducation du Québec, situés rue Fullum à Montréal, où un campement est érigé depuis le 27 mai dernier. Les deux fédérations étudiantes se réuniront en congrès du 19 au 21 août prochain afin d'adopter une série d'actions conjointes qui seront mises en place dès la rentrée et annoncées à l'issue du congrès. Selon le président de la FECQ, Léo Bureau-Blouin, on peut s'attendre à la tenue d'une grande manifestation étudiante et de plusieurs actions régionales.

La FECQ et la FEUQ comptent également sensibiliser la population à la réalité des étudiants qui, croient-elles, sont victimes d'une mauvaise perception quant à leur niveau de vie.

À compter de 2012, les frais de scolarité augmenteront de 325$ par année pendant cinq ans. Ils passeront ainsi de 2168$ actuellement à 3793$ en 2017, peu importe la discipline étudiée. Selon les calculs de la FECQ et de la FEUQ, les étudiants devront travailler près de cinq semaines de plus à temps plein, au salaire minimum, pour combler cette hausse. Pour les deux fédérations, une bonification du programme de prêts et bourses n'est pas une solution. «Il y a une tranche importante d'étudiants qui ont accès aux prêts, mais qui n'ont pas accès aux bourses, a souligné la présidente de la FEUQ, Martine Desjardins. Avec l'allocation spéciale mise en place dans le budget, ces étudiants-là s'endetteront encore plus.»

Son homologue de la FECQ croit que le gouvernement devrait d'abord demander des comptes aux universités avant de hausser les frais de scolarité. «Il me semble que les universités devraient faire le ménage dans leur cour avant d'en demander plus aux contribuables et aux étudiants, a soutenu Léo Bureau-Blouin. Les universités font un peu n'importe quoi avec l'argent qu'on leur donne. Un moment donné, il faut rendre des comptes.»