Les futurs enseignants n'auront plus la crainte d'échouer au controversé test de français obligatoire à l'obtention de leur brevet.

La Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ) a en effet adopté une résolution pour modifier les modalités du Test de certification en français écrit pour l'enseignement (TECFFE), obligatoire depuis l'automne 2009, a appris La Presse.

Les étudiants ne seront plus limités à quatre tentatives, comme c'était le cas auparavant. En cas d'échecs répétés, ils ne risqueront plus la suspension ni l'expulsion de leur programme.

«Il faut comprendre que ce n'est pas un bar ouvert. (...) L'étudiant qui n'aurait pas réussi au cours de la quatrième passation se verra imposer des mesures compensatoires. Il n'est autorisé à se présenter à une cinquième passation que sur autorisation de sa direction de programme», explique Bernard Garnier, président du comité des affaires académiques à la CREPUQ et vice-recteur aux études et aux affaires internationales de l'Université Laval.

Chaque université décidera des mesures à prendre concernant les étudiants en situation d'échecs répétés. Certaines pourraient ainsi imposer un cours de perfectionnement en français.

La décision, adoptée à l'unanimité en mai dernier par les membres de la CREPUQ, doit encore être approuvée par Québec, précise M. Garnier.

La signature de l'entente entre la CREPUQ, le ministère de l'Éducation et le CEFRANC, l'organisme qui gère le test, devrait se faire au terme d'une réunion commune, en septembre. C'est à partir de ce moment-là que les nouvelles modalités entreront en vigueur.

L'objectif du TECFEE est de s'assurer que les futurs enseignants possèdent une maîtrise suffisante du français au moment de se présenter devant un groupe d'élèves. Le seuil de réussite est fixé à 70% et les étudiants doivent le réussir avant de pouvoir entreprendre leur troisième stage, généralement au cours de la troisième année du baccalauréat de quatre ans.

Les étudiants avaient jusqu'à maintenant quatre essais pour réussir le test. Après trois échecs, ils pouvaient être suspendus de leur programme et au quatrième échec, ils étaient expulsés.

La CREPUQ ne détient aucune compilation provinciale du taux de réussite, mais il varie considérablement d'une université à une autre.

À l'Université de Montréal, par exemple, 62 % des étudiants ont réussi le test dès leur première tentative, 86% à la deuxième, 96% à la troisième et 99% après quatre fois, selon des chiffres compilés par l'institution. À l'Université Laval, le taux de réussite avoisine également 98%, explique M. Garnier.

Mais dans certaines universités, les taux de réussite sont beaucoup plus bas. «C'est sûr que les universités étaient sous pression, surtout celles où ça va moins bien », reconnaît M. Garnier en soulignant que plusieurs ont été le théâtre de « crises de larmes» au sujet du TECFEE.

Au cours de la dernière année, la tension autour de ce test obligatoire a atteint un point tel que certains étudiants ont même échangé des réponses sur l'internet.

Même si les nouvelles modalités ne sont pas encore officielles, certaines universités ont commencé à informer leurs étudiants. À l'UQAM, ainsi que dans d'autres universités du réseau, un courriel en ce sens leur a même été envoyé au cours de l'été.

Les quelques étudiants qui avaient été suspendus ou expulsés ont d'ailleurs été invités à réintégrer le programme, souligne Jonathan Giguère, président de l'Association des étudiants de la faculté des sciences de l'éducation de l'UQAM (ADEESE). «Nous attendons maintenant de voir la suite.»