Les nouvelles directives en matière d'intégration des élèves handicapés ou en difficulté d'apprentissage et d'adaptation (EHDAA) s'adaptent mal à la réalité des écoles, dénonce la Fédération québécoise des directeurs d'établissement d'enseignement.

À l'aube de la rentrée, les nouvelles directives changent le portrait des classes du primaire et du secondaire. Un élève handicapé ou en difficulté compte désormais pour trois ou quatre places dans une classe, et il ne peut y avoir plus de trois catégories différentes dans un groupe.

Résultat, certaines écoles manquent de places. Les directeurs doivent ouvrir de nouvelles classes ou envoyer des élèves dans une autre école, ce qui déplaît généralement aux parents.

La solution la plus simple est de verser une prime à l'enseignant qui accepte de dépasser le ratio prévu.

«La seule option qui nous reste est de payer l'enseignement en supplément. Et c'est ma crainte», déplore la présidente de la Fédération québécoise des directeurs d'établissement d'enseignement (FQDE), Chantal Longpré.

Cette pratique a déjà cours, mais elle risque de se répandre, croit Mme Longpré. «Ce n'est pas parce que l'enseignant a un salaire plus élevé que ce sera plus facile et qu'il répondra davantage aux élèves. Le travail sera quand même sur son bureau.»

En juin, les syndicats d'enseignants et le Ministère se sont entendus sur les grands principes d'intégration des EHDAA. Plus d'argent sera alloué, notamment afin de dégager l'enseignant qui doit rédiger un plan d'intervention pour un élève ou d'embaucher davantage de ressources professionnelles.

Il sera difficile d'embaucher plus de professionnels quand il en manque déjà, fait valoir Mme Longpré. «Les conditions de travail sont exécrables», affirme-t-elle, si bien qu'ils préfèrent travailler en milieu hospitalier ou au privé. La plupart doivent en effet travailler dans plusieurs écoles pour obtenir une tâche complète.

La Fédération des professionnels en enseignement (FPPE-CSN) dévoile d'ailleurs ce matin un sondage sur la situation des services professionnels dans les écoles.

Laissés pour compte

Au terme du secondaire, l'intégration des élèves handicapés ou en difficulté risque par ailleurs d'avoir un impact important sur la formation professionnelle. Là encore, les ressources ne sont pas suffisantes et le problème devient criant.

Il faut que l'élève reçoive de l'aide pour choisir le métier qui lui convient et qu'il soit autonome sur le marché du travail, fait valoir Mme Longpré.

«Il faut trouver l'endroit où l'élève ira le plus loin possible, dans ce qu'il aime et là où il est le plus fort. Actuellement, parce qu'on manque de ressources dans les écoles, on n'arrive pas à le faire.»

Par ailleurs, maintenant que de nouvelles lignes directrices sont en vigueur dans le réseau public, la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, maintient la pression sur les écoles privées. Elle souhaite qu'elles intègrent davantage d'élèves handicapés ou en difficulté.

La ministre souhaite parvenir à une entente pour le mois de décembre, a-t-elle réitéré plus tôt cette semaine dans une entrevue à La Presse.

«J'ai leur collaboration. Les écoles privées ont bien compris qu'elles sont des entités éducatives qui ont un rôle à jouer», a déclaré Mme Beauchamp.