Des milliers d'élèves du préscolaire et du primaire n'ont que des demi-journées d'école pour leur rentrée, au grand déplaisir de bien des parents.

Cette organisation progressive de la rentrée n'est pas nouvelle, mais elle chambarde souvent l'horaire des parents, qui s'interrogent sur les raisons de cette rentrée en demi-teinte. Plusieurs doivent prendre congé pour s'adapter ou ont recours à leurs propres parents pour les aider. D'autres amènent leurs enfants au travail, provoquant des problèmes d'organisation et de productivité.

Pour la majorité des enfants, la demi-journée scolaire est suivie par une autre au service de garde. Alors pourquoi ne pas faire une pleine journée en classe?

«Ça fait plusieurs années que les parents se plaignent de cet aspect, particulièrement pour le préscolaire», dit Gaston Rioux, président de la Fédération des comités de parents du Québec.

À la maternelle, la rentrée progressive est inscrite dans les conditions de travail des enseignants. En vertu de leur convention collective, les enfants doivent faire une rentrée par demi-journée durant un minimum de trois jours.

Au primaire, la situation varie d'une commission scolaire à l'autre. Certaines commissions estiment préférable que la rentrée commence par une demi-journée pour les élèves de la 1re à la 6e année, comme c'est le cas à Laval. D'autres écoles fonctionnent avec deux demi-journées sur deux jours consécutifs, comme c'est le cas à la Commission scolaire Marie-Victorin, qui couvre notamment Longueuil et Brossard. Pendant ce temps, les élèves de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) et ceux des Premières Seigneuries, dans la région de Québec, ont une journée entière de classe dès le premier jour.

«Historiquement, les deux demi-journées ont été mises en place pour favoriser un accueil adéquat des élèves et permettre aux enseignants d'ajuster leurs classes en fonction de leurs élèves», explique Éric Gingras, vice-président du syndicat des enseignants pour la Commission scolaire Marie-Victorin.

Selon M. Gingras, plusieurs élèves de la commission viennent de milieux défavorisés et la rentrée progressive les aide à s'adapter.

Dans l'île de Montréal, où le nombre d'enfants pauvres atteint pourtant des sommets au Québec, il n'y a plus de rentrée progressive au primaire depuis plus de 10 ans, nous dit le porte-parole de la CSDM, Alain Perron.

En revanche, la rentrée progressive dans les maternelles montréalaises cause des maux de tête à bien des parents. Certaines écoles vont jusqu'à demander que les enfants entrent une heure le matin et une heure l'après-midi plutôt que trois heures consécutives, ce qui rend encore plus complexe l'organisation de la première semaine d'école.

Alain Perron explique que cette organisation est propre à chaque école et que la CSDM n'y peut rien. «La rentrée progressive permet aux enfants de 4-5 ans de s'acclimater à leur nouvelle école», dit-il.

Gaston Rioux, qui représente les comités de parents, ne voit pas les choses du même oeil. Une majorité de bouts de chou ont fréquenté les centres de la petite enfance (CPE) avant d'entrer à la maternelle, dit-il. «Il y a 20-25 ans, il n'y avait pas de CPE. Aujourd'hui, les enfants sont déjà habitués à la vie en groupe. Et de toute façon, la loi permet à chaque parent de garder son enfant à la maison une demi-journée ou une journée s'il le juge approprié plutôt que de l'envoyer à la maternelle. Pourquoi imposer la rentrée progressive à tous?»

Éric Gingras, du syndicat de Marie-Victorin, juge tout de même pertinente la rentrée progressive. Il fait remarquer que le rapport du nombre d'enfants par adulte est de 20 pour 1 à la maternelle, contre 10 pour 1 dans les CPE.

Gaston Rioux suggère pour sa part aux parents de soulever la question aux assemblées générales des écoles qui se tiendront prochainement.