Malgré les critiques constantes et les promesses de modération, la proportion d'argent public investie dans la gestion des écoles a continué de croître plus rapidement que les fonds injectés dans les services aux élèves depuis 2005, selon de nouvelles données du ministère de l'Éducation.

Le ratio de cadres par 1000 élèves a aussi augmenté plus rapidement que le ratio d'enseignants sur la même période.

Pour le porte-parole en matière d'éducation de l'Action démocratique du Québec (ADQ), une formation politique qui a fait de la suppression des commissions scolaires un cheval de bataille, ces données sont inacceptables.

En entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne, François Bonnardel a fait valoir que les écoles devraient avoir davantage de pouvoirs, afin d'économiser des fonds et d'adapter le contenu des cours à la réalité des élèves.

«C'est extrêmement décevant de voir le constat de ce rapport qui démontre qu'on se dirige exactement vers la même situation déplorable que dans le secteur de la santé, où on a presque aujourd'hui autant de postes administratifs que de services directs aux patients», a-t-il plaidé.

Selon l'ADQ, les libéraux de Jean Charest ont totalement échoué à limiter l'expansion des administrations scolaires.

«C'est un échec de la part du gouvernement de voir qu'on continue de grossir un organigramme dans le système d'éducation», a accusé François Bonnardel.

«Les solutions, il y en a. Premièrement, abolir les commissions scolaires, mais donner aussi directement les services, les sous aux enseignants, donner plus d'autonomie aux directions d'écoles», a-t-il précisé.

De 2004-2005 à 2008-2009, les dernières données disponibles auprès du ministère, les fonds dirigés vers les dépenses administratives pour chaque élève ont grimpé de 29 pour cent. L'enseignement, lui, a vu son enveloppe augmenter de 21 pour cent par élève.

En 2008-2009, chaque élève québécois coûtait 517 $ en frais administratifs au réseau. En 2004-2005, ce montant se fixait plutôt à 402 $.

Le ratio de cadres par 1000 élèves dans le réseau a pour sa part augmenté de 9,6 pour cent, contre une augmentation de neuf pour cent pour le ratio d'enseignants par 1000 élèves.

Selon Josée Bouchard, présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec, ces augmentations ne sont pas inexplicables.

«Dans les dernières années, on nous a passé vraiment de grosses commandes», s'est-elle défendue, en citant la vérification des antécédents criminels du personnel, la modification de la comptabilité et la création d'un poste de protecteur de l'élève.

Mme Bouchard estime que les commissions scolaires ont beaucoup de pain sur la planche. «C'est sûr que ça prend des personnes pour faire ça.»

Josée Bouchard admet tout de même que l'administration qui supporte le système d'éducation québécois est devenue très lourde et coûte cher aux contribuables.

«Il y a trop de bureaucratie. On veut vraiment s'attaquer à ça de plein pied», a-t-elle fait valoir.

Par ailleurs, le rapport du ministère de l'Éducation révèle aussi que le nombre d'élèves est en diminution constante dans le réseau des commissions scolaires.

En 2004-2005, 1 065 476 élèves s'assoyaient chaque jour sur les bancs d'école, alors que 995 773 élèves faisaient de même en 2008-2009, les dernières données disponibles. Il s'agit d'une diminution de 6,5 pour cent de l'effectif scolaire.

Le secteur primaire s'est particulièrement amaigri, perdant 63 097 élèves en cinq ans.