La clôture est couverte de pousses de haricots. Le carré des carottes est si fourni qu'on ne distingue plus la terre. Les gigantesques tournesols sont visibles de loin. Des citrouilles déjà orangées laissent présager une belle récolte pour l'Halloween.

Affairés dans les plantations, Rachel, Bilal et Angelica, élèves de 5e année, reviennent les bras chargés de tomates, de poivrons et de concombres. Ils s'apprêtent à cueillir des épis de maïs. «Non, non, ils ne sont pas encore prêts», lance Dany Tremblay en riant.

Directeur de l'école primaire du Grand-Chêne, à Pierrefonds, M. Tremblay a lancé l'idée d'aménager un potager dans la cour d'école. Un projet auquel les membres du personnel, les quelque 350 élèves et plusieurs parents bénévoles se sont joints avec enthousiasme.

«Il y a une valeur éducative importante, explique M. Tremblay. Nous sommes dans une école multiethnique. Plusieurs élèves n'ont jamais connu le fait de se mettre les mains dans la terre, de planter une graine qui va pousser, devenir légume, et qui va permettre de les nourrir.»

Une douzaine de paniers ont été redistribués à ce jour, sans compter tous les légumes que les parents et les élèves ont pu ramasser au cours de l'été.

Ce jardin est devenu la fierté des élèves. «C'est leur jardin», affirme le directeur, en poste depuis trois ans.

Qui sait si, dans plusieurs années, l'un d'eux ne refera pas les mêmes gestes avec son enfant, se rappelant le jardin de l'école du Grand-Chêne, espère-t-il.

«Souvent, on intervient auprès des enfants et il nous faudrait des résultats tout de suite. Mais c'est comme une petite graine qu'on plante. C'est plus tard qu'on va en voir les effets», ajoute M. Tremblay en faisant une analogie avec le jardin.

Beaucoup de travail

Des parents se sont impliqués pour la conception du jardin. Il a fallu enlever la tourbe, retourner la terre, faire transporter sept verges de compost, construire des boîtes avec des planches de pruche - plus résistantes - qu'un père est même allé chercher à Mascouche.

La pluie abondante, en mai, a retardé les travaux. Mais au début juin, les élèves ont enfin participé aux semences. Les petits de la maternelle ont planté les carottes. Les élèves de 2e année se sont occupés des citrouilles. Ceux de 3e année ont même conçu un jardin amérindien pour intégrer l'expérience à leur programme scolaire.

Quand les élèves et le personnel ont quitté l'école, fin juin, quelques pousses frêles commençaient à peine à poindre. Pendant l'été, des parents bénévoles ont entretenu et arrosé le jardin. À la rentrée des classes, le jardin était si luxuriant que plusieurs élèves avaient peine à le croire.

«C'est une expérience incroyable. C'est très différent. Les légumes qu'on achète à la pharmacie (!) ne goûtent pas bon comme cela» lance Bilal, les yeux pétillants de fierté.

«Et en plus, il n'y a pas de produits chimiques, c'est bien meilleur pour l'environnement», complète Rachel.

Suzanne Malo, enseignante de 4e année et Martine Hessler, enseignante retraitée dans quelques jours, rêvaient d'un tel jardin depuis plusieurs années. Ravies de voir l'enthousiasme des élèves, elles expliquent que ce projet a même un impact sur certains enfants plus turbulents.

«C'est très zen, il faut y aller tout en douceur, alors on dirait que ça canalise l'énergie de certains élèves de travailler au potager», dit Mme Malo en espérant qu'il sera possible de répéter l'expérience l'an prochain.