Avec des classes trop chaudes, bruyantes, poussiéreuses et mal éclairées, l'environnement de travail n'est pas propice à l'enseignement dans les écoles de la province.

C'est le constat que fait Jessica Riel, ergonome et doctorante en éducation à l'Université du Québec à Montréal, qui s'est penchée sur l'activité de travail des enseignants du secondaire dans le cadre de son mémoire.

Au terme d'entrevues avec une douzaine d'enseignants et 87 heures d'observation dans deux écoles secondaires de la Montérégie, elle dresse un portrait peu reluisant de la situation.

«Nous avons calculé que 16,1% du temps total d'observation était passé par l'enseignant à faire le contrôle de l'environnement physique. C'est assez important», note Mme Riel.

Celle-ci a mesuré les niveaux de bruit, de chaleur et d'éclairage des classes. Même dans une école relativement récente, les normes dépassent ce qui est prescrit dans la littérature scientifique.

Ainsi, la température a grimpé à 28 °C dans une classe, un matin du mois de mai. Le mercure pouvait osciller d'un ou deux degrés en l'espace d'une seule période.

«Les élèves étaient amortis. L'enseignant avait de la difficulté à garder l'attention parce qu'il faisait vraiment trop chaud. Ce sont des mesures inacceptables qui se situent hors des zones de confort», explique Mme Riel.

L'idéal pour un travail de bureau - qui se rapproche le plus du travail de l'enseignant - est de maintenir une température variant de 20 à 24 °C.

Les locaux sont également trop bruyants. Même dans une salle silencieuse, où les élèves étaient en examen, la mesure du bruit dépassait de 2 décibels la norme de 55 décibels prévue dans la littérature scientifique, uniquement en raison du bruit ambiant.

Le son augmente dès que la classe s'anime. Une mesure de 98 décibels a été enregistrée dans un local d'informatique où les élèves travaillaient en équipe, l'équivalent du bruit produit par une Harley-Davidson.

Trop souvent, l'éclairage aussi est inadéquat. Les faisceaux lumineux ne sont pas alignés avec les pupitres. Les néons font du bruit ou sont brisés. Ils le restent plusieurs mois, le temps que la requête pour les réparer soit traitée à la commission scolaire, rapporte Mme Riel.

La norme pour l'éclairage d'un bureau varie de 700 à 800 lux. Les données prises dans les écoles montrent des mesures variant de 383 lux - où l'on distingue à peine ce qui est écrit sur une feuille - à 1210 lux. À titre comparatif, un travail de précision sur une table à dessin nécessite un éclairage de 1000 lux.

Le mémoire rapporte aussi que, de façon générale, les classes sont poussiéreuses et sales, les systèmes de ventilation sont mal entretenus, les locaux sont trop exigus et le matériel comme les bureaux, les chaises ou les imprimantes est souvent brisé ou non fonctionnel.

Résultat, les enseignants se plaignent régulièrement de fatigue et de maux de tête ou perdent la voix, note Mme Riel.

La recherche a été menée de 2006 à 2009 dans le cadre des travaux du Centre de recherche interdisciplinaire sur la biologie, la santé, la société et l'environnement (CINBIOSE), à la demande de la Centrale des syndicats du Québec qui souhaitait une analyse de l'activité du travail de l'enseignant au secondaire. La recherche a toutefois été réalisée de façon complètement indépendante, souligne Mme Riel.