Quelque 110 000 élèves sont inscrits en formation professionnelle au secondaire, un domaine d'étude qui reste pourtant méconnu. Dans le cadre de la Semaine pour l'école publique, qui se tient du 2 au 8 octobre, nous avons visité trois centres de formation, à Laval et Montréal.

Quelque 40 000 élèves y obtiennent leur diplôme chaque année. Pourtant, la formation professionnelle au secondaire demeure encore méconnue, particulièrement des parents.

«Dans ma famille, il faut viser haut. Tout le monde a une grosse job», lance Ted Landy Souffrant.

D'aussi loin qu'il se souvienne, le jeune homme rêvait quant à lui de devenir cuisinier. Mais par crainte de décevoir ses parents, il s'est dirigé en langues au cégep. Il a tout abandonné après deux ans.

Depuis avril, il est de retour aux études, à l'école hôtelière Calixa-Lavallée, à Montréal-Nord.

Au milieu des cuisines, entre la chaleur des fourneaux, les bonnes odeurs qui montent lentement et l'activité bourdonnante, il rayonne. «Si je ne faisais pas de cuisine, je ne me verrais faire rien d'autre», dit-il les yeux pétillants.

Comme Ted, près de 110 000 jeunes et adultes s'inscrivent chaque année à l'un des quelque 200 programmes de formation professionnelle au secondaire. La durée du cours varie de 600 à 1800 heures, ce qui représente entre 7 mois et 13 mois environ.

De nombreuses opportunités

Les inscriptions sont en hausse d'année en année. La formation a atteint une reconnaissance qu'elle n'avait pas il y a quelques années encore. Mais certains parents ne voient pas toujours d'un bon oeil que leurs enfants optent pour un diplôme d'études professionnelles (DEP).

C'est pourtant une clé qui ouvre plusieurs portes, croit Normand Viau, enseignant en plomberie à l'École des métiers de la construction de Montréal.

Certains diplômés vont poursuivre leurs études collégiales ou universitaires. D'autres pourront travailler toute leur vie dans leur domaine en gagnant un salaire respectable. D'autres encore vont se lancer en affaires, notamment dans le domaine de la construction.

«On forme des travailleurs, mais aussi des entrepreneurs. Toutes les portes leur sont ouvertes. Les parents ne voient pas toujours les opportunités que les jeunes ont avec un DEP», souligne M. Viau.

Ancien enseignant en boucherie, aujourd'hui président du Syndicat des enseignants de la Pointe-de-l'Île, affilié à la Fédération autonome de l'enseignement, Luc Ferland approuve.

«On ne peut pas créer de richesse dans une société qu'à partir de finissants de niveau universitaire ou collégial. On a besoin de main-d'oeuvre spécialisée, d'une bonne main-d'oeuvre, bien formée, qui gagne bien sa vie.»

Le gouvernement estime que 700 000 emplois seront à pourvoir dans la province d'ici 2014, dont une large proportion dans les secteurs issus de la formation professionnelle.

Par contre, un danger guette celle-ci, souligne M. Ferland. Il ne faut pas d'une vision à courte vue, comme ce fut le cas par le passé.

En ce sens, les syndicats suivent de près la création des programmes menant à une attestation d'études professionnelles. Il s'agit de programmes plus courts que ceux menant au DEP et gérés par les commissions scolaires en fonction des besoins du marché du travail.

«Il pourrait être tentant, à court terme, de recourir à ces formations pour avoir de la main-d'oeuvre rapidement. Je ne pense pas que ce soit bien pour la société de faire des choix à court terme sans penser aux besoins futurs», prévient M. Ferland.