Les futurs enseignants qui donneront les cours d'histoire du Québec et du Canada aux élèves du secondaire manquent de connaissances.

Ils ne suivent en moyenne que trois cours sur l'histoire québécoise durant leur formation universitaire de quatre ans, pour la plupart des cours d'introduction.

C'est ce que démontre L'histoire nationale négligée, une étude sur l'enseignement et la recherche universitaire au Québec, réalisée à la demande de la Fondation Lionel-Groulx qui perpétue le combat et la mémoire de l'homme.

«La formation en histoire du Québec est nettement insuffisante pour les futurs enseignants qui auront à donner le cours de troisième et quatrième secondaire toute leur vie», conclut Éric Bédard, chercheur, historien, professeur à la Télé-Université et auteur de l'étude en collaboration avec Myriam D'Arcy.

Les départements d'histoire négligent en outre les cours portant sur les événements marquants de l'histoire du Québec, que ce soit la Conquête, les rébellions de 1837, la Révolution tranquille ou l'histoire constitutionnelle.

Formation spécifique

Le Québec n'échappe pas à un phénomène généralisé qui préconise davantage l'histoire sociale et culturelle. Le résultat est un manque de formation spécifique sur l'histoire du Québec, déplore M. Bédard.

«Il y a beaucoup de cours sur l'histoire du Québec [...], mais ce qu'on constate, c'est l'éclipse des cours qui abordent de front les grands événements de notre histoire politique et constitutionnelle.»

Les futurs enseignants en histoire doivent obtenir un baccalauréat en éducation, avec une spécialisation en univers social. Le programme mise trop sur la pédagogie et la didactique et pas assez sur l'histoire, indique l'étude.

Résultat, les futurs enseignants ne maîtrisent pas la matière qu'ils devront enseigner. «La seule autorité qui reste au professeur est son savoir et les élèves voient tout de suite quand un prof ne connaît rien», lance M. Bédard.

Avec la disparition de certains cours dans la formation au secondaire, notamment ce qu'on appelait «les petites matières», plusieurs enseignants se sont recyclés en enseignement de l'histoire, dénonce aussi Robert Comeau, porte-parole de la Coalition pour l'histoire du Québec.

«Au secondaire, il y a un nombre trop important d'enseignants qui n'ont pas de formation en histoire», dit-il.

La Coalition, dont fait partie la Fondation Lionel-Groulx, fait plusieurs recommandations au gouvernement pour améliorer la situation de l'enseignement de l'histoire. Elle préconise notamment de rehausser le programme universitaire en obligeant les élèves à suivre 10 cours sur l'histoire du Québec et du Canada.