Il n'est pas rare de croiser un élève et un membre du personnel de l'école secondaire Cavalier-De LaSalle en train de faire du magasinage, pratiquer une activité sportive ou casser la croûte au restaurant du coin en bavardant.

Pour contrer le décrochage, la direction de l'école a mis en place le programme Grands Frères-Grandes Soeurs. Une façon de rejoindre les jeunes qui ont peu d'attachement à l'école.

Inspiré de projets similaires aux États-Unis, le programme crée un mentorat entre des élèves et des membres du personnel enseignant et non enseignant de l'école.

«L'objectif est que le jeune soit présent à l'école, heureux d'y aller», explique le directeur général adjoint de la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys et instigateur du projet, Richard Guillemette.

Le projet suscite une attention grandissante de la part des autres écoles. À tel point qu'il sera présenté dans le cadre des deuxièmes Rencontres interrégionales sur la persévérance et la réussite scolaires, un colloque qui s'ouvre aujourd'hui à Québec et qui réunira quelque 800 personnes issues de tous les milieux.

Le projet a commencé l'an dernier avec 16 élèves de deuxième secondaire. Ils ont été sélectionnés après avoir répondu à un questionnaire pour déterminer les décrocheurs potentiels. Ils ont un problème de motivation, ils ont tous besoin d'un petit coup de pouce pour les encourager à aller à l'école.

L'objectif est de les suivre jusqu'en cinquième secondaire et d'ajouter de nouvelles cohortes chaque année.

Plusieurs programmes sont en place pour travailler avec des élèves qui ont des problèmes de comportement ou qui ont plus de difficulté sur le plan scolaire. Ce sont les autres élèves à risque qu'il fallait rejoindre, ajoute M. Guillemette.

Les mentors, tous des bénévoles, sont recrutés au sein de l'école. La relation s'établit au fil des rencontres. Parfois, c'est juste un petit bonjour. En d'autres occasions, l'élève et l'adulte vont au cinéma ou au restaurant. Parfois encore, tous les mentors et les élèves font une activité de groupe, comme jouer aux quilles.

Ricardo, 14 ans, fait partie de la première cohorte du projet. Il est jumelé avec Isabelle Goyette, enseignante de l'école. Arrivé du Mexique à l'âge de 10 ans, il vient d'une famille séparée et se retrouve souvent seul à la maison.

«Je n'aime pas vraiment l'école», reconnaît-il. Très souvent, il choisit de ne pas se présenter à son cours au retour de la pause du midi. Des absences répétées qui entraînent des suspensions, le plongeant ainsi dans un cercle vicieux.

Depuis qu'il fait partie du programme, ses absences ont considérablement diminué. «J'aime parler avec elle, on est allés magasiner. J'aime aussi voir son fils qui est dans la même équipe de soccer que moi», dit-il au sujet de son mentor.

Professeur-chercheur associé au département de psychoéducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières, Pierre Potvin a étudié les premiers impacts du programme.

«Un projet du genre peut être un excellent moyen de contribution à la persévérance scolaire. Avec les premières évaluations, on voit d'ailleurs que les jeunes sont bien satisfaits de ce qu'ils ont reçu», indique M. Potvin.

La direction de l'école évalue actuellement l'impact du projet sur les résultats scolaires. «La présence [à l'école] va certainement faire en sorte que les résultats se seront améliorés comparativement aux années antérieures», estime la directrice, Julie Lavigne.