Née de parents décrocheurs, ayant elle-même quitté l'école à 14 ans, Catherine Jasmin incarne l'idée qu'il est possible de réussir à force de persévérance. Elle est d'ailleurs persuadée d'arriver à briser le cercle vicieux du décrochage avec ses enfants.

Cette mère seule a connu les centres jeunesse, la toxicomanie, la misère de la rue. Mais à 27 ans, elle étudie aujourd'hui à l'université et est engagé bénévolement dans la promotion de l'éducation aux adultes.

Sa courte intervention en a inspiré plus d'un, hier, dans le cadre des 2es Rencontres interrégionales sur la persévérance et la réussite scolaires, un colloque qui réunit plus de 800 personnes, à Québec.

«Personne ne choisit de décrocher, raconte-t-elle. J'ai toujours voulu raccrocher, mais quand la survie est plus importante que le reste, c'est ça qui prime. Quand la survie physique, psychologique occupe notre esprit, l'éducation s'en va.»

Malgré les difficultés, elle a bâti des liens solides avec ses deux enfants, maintenant âgés de 8 et 9 ans. Vrai, sa fille a des difficultés d'apprentissage, reconnaît Mme Jasmin. Mais elle dit avoir bon espoir que les deux obtiendront un diplôme. Elle est allée chercher les outils lui permettant de les aider, souligne-t-elle.

«J'ai osé aller cogner aux portes. Ça peut être très gênant, très humiliant quand on est un parent, pauvre, sur l'aide sociale, pas d'éducation, qu'on ne sait pas comment s'exprimer, qu'on vient d'un milieu où l'exclusion sociale est chose quotidienne. C'est très difficile de sortir de son isolement et de dire: j'ai besoin d'aide.»

Des progrès

Plusieurs initiatives ont vu le jour au cours des dernières années pour contrer le décrochage scolaire et améliorer la réussite des élèves. Certaines ont porté leurs fruits.

Le taux d'obtention d'un diplôme après sept ans au secondaire a d'ailleurs augmenté légèrement pour atteindre 73,8% en 2009-2010. Lors de la première rencontre sur la persévérance et la réussite scolaires, en 2008-2009, il était de 72,5%.

«À ce rythme, à la condition que l'on maintienne notre mobilisation, nous serons en mesure d'atteindre notre objectif d'un taux de diplomation de 80% en 2020», a souligné la ministre de l'Éducation et vice-première ministre du Québec, Line Beauchamp.

La mobilisation des partenaires de tous les milieux - tant celui de l'éducation que des organismes communautaires et des gens d'affaires - de même que l'implication des parents dans le cheminement scolaire de leurs enfants sont toutefois nécessaires, ont fait valoir plusieurs conférenciers hier.

Le moindre geste auprès de son enfant favorise son apprentissage. Chaque activité compte, que ce soit superviser les devoirs, cuisiner, aller à la bibliothèque, a déclaré Pierre Lavoie, du Grand Défi Pierre Lavoie.

L'importance de la petite enfance

Le milieu de l'éducation est conscientisé depuis longtemps à l'importance du dépistage et de l'intervention précoce dès le bas âge pour favoriser la réussite scolaire.

Plusieurs projets ont été mis en place pour assurer un meilleur suivi dans la transition des enfants de la garderie vers la maternelle.

Mais des études tendent maintenant à démontrer que les conditions propices à l'apprentissage se mettent en place dès la grossesse de la mère. Même le vocabulaire d'un poupon de 18 mois risque d'avoir une influence sur sa réussite scolaire future.

Ce qui se passe dans la première année de vie a «une incidence sur le développement du cerveau, sur la santé physique, sur la capacité de réfléchir, d'attendre, de penser, d'exprimer comment on se sent. Ce sont tous des ingrédients qui jouent un rôle très important pour être prêt à aller à l'école», explique Claire Gascon Girard, coordonnatrice générale du Centre d'excellence pour le développement des jeunes enfants.