L'état de plusieurs cours d'école laisse à désirer. Peu de verdure, de l'asphalte raboteux, peu de surfaces de jeux. Depuis deux ans, le projet AEMA Vert, créé par des étudiants en administration des affaires à l'École des sciences de la gestion de l'UQAM, a permis d'embellir la cour des écoles Évangéline et La Voie, à Montréal. Pendant une journée, une dizaine d'étudiants, aidés des jeunes des écoles concernées, ont planté des arbres et arbustes qui embellissent et oxygènent les lieux. Une occasion de revitaliser une cour d'école tout en sensibilisant les jeunes à l'importance de respecter l'environnement. Une initiative qui nous a donné le goût d'aller voir d'autres projets de revitalisation des cours d'école.

Le revêtement en asphalte est à peine sec. Les lignes sur le sol n'ont pas encore été tracées. Qu'importe. Des jeunes courent sur le terrain multisports en driblant le ballon, sous les encouragements de leurs amis.

Il faut dire que les 270 élèves de l'école Martin-Bélanger, une école primaire défavorisée située dans le quartier Saint-Pierre, l'attendaient depuis longtemps leur nouvelle cour d'école.

Il aura fallu cinq ans de patience, d'efforts et de démarches avant que leur rêve ne prenne forme. Leur rêve, mais aussi celui de la directrice de l'établissement, Chantal Lessard.

Le projet initial a été déposé auprès du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport en novembre 2005. L'école a essuyé un premier refus. Dans sa politique d'attribution des subventions, le Ministère exige en effet qu'outre la commission scolaire, des partenaires locaux, des entreprises ou des organismes participent aussi financièrement à l'aménagement des cours d'école.

Il n'est pas toujours évident d'aller chercher un tel apport, explique Mme Lessard. «Sur mon territoire, il y a peu d'entreprises et, s'il y en a, je ne les connais pas. Comme directrice, je n'ai pas le temps d'aller cogner aux portes.»

Au fil du temps, des organismes implantés dans le milieu se sont joints au projet, permettant sa réalisation. «C'est sûr que si on n'a pas de partenaires, oubliez ça, ce n'est presque pas possible d'y arriver», ajoute d'ailleurs la directrice.

Avec l'aide notamment du Comité de revitalisation urbaine intégrée, l'école a bénéficié d'une subvention, obtenue dans le cadre d'un projet plus vaste pour contrer les îlots de chaleur.

Qu'il s'agisse de paniers de basketball, de surfaces en gazon synthétique ou de modules de jeux, la revitalisation et le réaménagement des cours d'école coûtent cher.

À l'école Martin-Bélanger, la facture frôle les 200 000$. Pour compléter les subventions, des campagnes de souscription menées au cours des cinq dernières années ont aussi permis d'amasser 25 000$.

Une cour d'école dessinée à la craie

Tous les élèves de l'école ont été mis à contribution. Avec des craies, ils ont dessiné la cour de récréation de leurs rêves. Leurs demandes étaient simples, s'étonne Mme Lessard.

Les jeunes souhaitaient des paniers de basketball, des bancs pour s'asseoir et parler entre amis, des arbres pour égayer l'endroit et offrir un peu d'ombre.

«C'est ce qu'ils ont eu», s'exclame Mme Lessard. Il n'y a que le module de jeux qui a été laissé de côté, principalement pour une question de sécurité. «Il y a souvent des accidents et ça ne fait pas bouger les jeunes davantage», ajoute la directrice.

En revanche, un couloir de course de 50 mètres a été tracé dans la vaste cour, qui sert aussi pour les cours d'éducation physique, ainsi que plusieurs jeux de marelle et de ballons pour petits et grands.

Tout a été prévu, montre Mme Lessard en étalant les plans dessinés par un architecte. Au fond, un terrain multisport permet aux jeunes de jouer au basketball. Dans un coin auparavant négligé, on aménagera des tables à pique-nique. Les plus jeunes de l'école ont aussi un espace bien à eux, où ils ne risquent pas d'entrer en collision avec les plus grands.

Même une fresque ludique a été dessinée sur le mur de briques extérieur pour rendre l'endroit plus agréable.

Car avant d'être une cour de récréation, il s'agira d'un milieu de vie où les jeunes pourront se retrouver après l'école, espère Mme Lessard.

«Je ne veux pas que ce soit un endroit fermé. Même si on a mis des clôtures, on veut que les enfants s'approprient le parc la fin de semaine. C'est déjà commencé. Mes anciens élèves, aujourd'hui adolescents, viennent jouer sur le terrain de basket.»

Souvent négligées, les cours de récréation sont pourtant primordiales pour la vie des écoles. L'an dernier, le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport a versé 2,9 millions de dollars dans le cadre de la mesure d'embellissement des cours d'école.

Au total, 151 projets ont pu être réalisés dans 51 commissions scolaires de la province en 2010-2011.

Une idée de Nicolas Brazeau.

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