Le premier ministre Jean Charest met en garde les Québécois contre les choix de la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ) de François Legault en éducation, qu'il juge bien pires que les siens.

Au lendemain d'une manifestation étudiante contre la hausse des droits de scolarité décrétée par le gouvernement, M. Charest a mis en opposition l'approche des libéraux et celle du parti de M. Legault, qui sera lancé la semaine prochaine.

Le premier ministre a dit que M. Legault est en accord avec un livre de son partenaire de la coalition Charles Sirois, Passage obligé, dans lequel il préconise que les étudiants paient en totalité leurs études.

«Les caquistes pensent que les étudiants devraient payer complètement leurs droits de scolarité, ce qui serait entre 11 000 $ et 14 000 $ par année, et devraient recevoir des prêts en échange», a-t-il déclaré dans un point de presse au terme de la cérémonie du jour du Souvenir, vendredi à Québec.

«Ce sont des questions auxquelles les caquistes doivent commencer à répondre. (....) Je pense qu'il faut que les gens le sachent.»

La CAQ n'a pas tardé à réagir. Par l'entremise de son porte-parole, François Legault a fait savoir que les propos de Jean Charest étaient «purement mensongers».

Dans une entrevue téléphonique, Jean-François Del Torchio a affirmé que la Coalition n'est pas contre la hausse des droits de scolarité mise en oeuvre par les libéraux, mais qu'elle doit s'accompagner d'une augmentation des prêts et bourses.

«On veut bonifier le programme pour que les jeunes aient plus accès aux études postsecondaires», a-t-il dit.

Dans son document sur l'éducation, la CAQ recommande de permettre aux universités de «moduler» les droits de scolarité pour certains programmes qui débouchent sur des carrières plus lucratives.

En comparaison, les libéraux proposent une hausse de 75 pour cent des droits de scolarité sur cinq ans. Elle équivaut à 325 $ par année, ce qui portera la facture à 3793 $ en 2016.

Cette décision a été prise à l'issue d'un «débat longuement mûri» et elle est «le reflet des valeurs de la société québécoise», a plaidé le premier ministre. Il a dit prendre acte de l'opposition des fédérations étudiantes, mais n'a pas l'intention de reculer.

«Nous, on a une position équilibrée, on comprend que cela ne fasse pas l'unanimité. (...) Ils (les étudiants) ont droit de s'exprimer, mais nous devons proposer des solutions équilibrées», a dit M. Charest.

Jeudi, des milliers d'étudiants de partout au Québec ont manifesté dans les rues de Montréal. Selon la Fédération étudiante universitaire du Québec, il s'agit de l'une des plus importantes manifestations étudiantes jamais vues dans la province.

Si le gouvernement Charest ne revient pas sur sa décision, les étudiants ont d'ores et déjà promis d'autres moyens de pression. La possibilité d'une grève générale illimitée n'a pas été écartée par leurs représentants.