Aussitôt au pouvoir, le Parti québécois (PQ) abolirait la hausse de 1625 $ des droits de scolarité annoncée par les libéraux et décréterait un nouveau gel.

L'opposition péquiste juge déraisonnable le rattrapage de 325 $ par année sur cinq ans que compte imposer le gouvernement Charest aux étudiants à compter de l'automne 2012.

Après avoir absorbé cinq hausses annuelles consécutives de 100 $, les étudiants ont suffisamment passé à la caisse et méritent «un temps d'arrêt», a fait valoir en fin de semaine dernière la porte-parole du PQ en matière d'enseignement supérieur, Marie Malavoy.

«En septembre 2012, il y aura eu cinq années de hausse de 100 $ par année. Nous, ce qu'on dit, c'est qu'avant d'aller plus loin, on doit s'arrêter là. Le gel est simplement un temps d'arrêt et après un débat, des décisions seront prises», a-t-elle dit en entrevue à La Presse Canadienne.

Ainsi, le PQ aux commandes ferait table rase des augmentations supplémentaires prévues dans le dernier budget du gouvernement libéral, le temps d'asseoir autour d'une même table tous les intervenants dans le cadre d'un grand forum sur le financement de l'éducation.

«On doit faire un véritable forum, pas seulement avec les étudiants, mais avec tout le monde, pour se demander quels sont les choix qu'on veut pour la suite des choses», a expliqué Mme Malavoy.

Le débat porterait entre autres sur le niveau de contribution des étudiants, la part exigée de l'État, la part des entreprises ainsi que sur la gestion des universités, dont les frais «institutionnels» alourdissent le fardeau des étudiants.

«Puisqu'il y avait un gel, les universités ont un peu détourné la question en ajoutant des frais. Est-ce qu'on peut encadrer ces frais de façon beaucoup plus sévère? Est-ce qu'on peut définir la part que feraient les entreprises? Autrement dit, refaisons le débat social qu'on a fait au Québec il y a quelques décennies», a-t-elle suggéré.

L'opposition péquiste déplore en outre que le gouvernement veuille faire porter aux étudiants le poids «d'un rattrapage inouï» des droits de scolarité «sans trop interpeller les universités».

«Les universités ont besoin de financement particulièrement pour l'enseignement et la recherche, mais je pense qu'on peut questionner certaines de leurs dépenses faites ces dernières années. Tant que ces questions ne sont pas clarifiées, pourquoi les étudiants devraient-ils payer un coût si important?», a soulevé Mme Malavoy.

La députée de Taillon se dit convaincue que la croissance actuelle des droits de scolarité nuira à l'accessibilité des moins nantis aux études supérieures et aura, à terme, un impact négatif sur le développement économique du Québec.

Ouvert à toutes les suggestions, le Parti québécois refuse néanmoins de s'engager sur le terrain de la gratuité scolaire.

Contrairement à l'Option nationale de l'ex-péquiste Jean-Martin Aussant et à Québec solidaire qui promettent une éducation gratuite du primaire à l'université, le PQ croit que les étudiants doivent assumer une part du coût de leur scolarité.

«On n'a pas l'intention de revenir en arrière jusqu'à la gratuité. On pense que ce serait irréaliste compte tenu de notre situation en Amérique du Nord. Mais d'être mieux que les autres et que ça coûte moins cher (d'étudier au Québec) qu'ailleurs, je n'ai pas de problème avec ça», a-t-elle dit.