Un comité national chargé d'évaluer l'éducation primaire et secondaire pour les Premières Nations a déposé un rapport très attendu, mercredi, déplorant l'absence d'un véritable système organisé d'éducation pour les autochtones.

Le comité presse notamment le gouvernement fédéral de créer un organisme qui superviserait tout le secteur de l'éducation pour les Premières Nations.

Il demande aussi à Ottawa de mettre sur pied des organisations locales qui s'apparenteraient aux commissions scolaires régulières, en plus d'injecter de nouveaux fonds dans le système.

Par ailleurs, on souligne que le droit des autochtones à une scolarisation de qualité devrait être enchâssé dans la loi.

Le président du comité, Scott Haldane, a affirmé que lui et ses collègues avaient été ébahis par la passion et le dévouement manifestés par les personnes rencontrées qui luttent pour améliorer l'éducation chez les autochtones.

Il a toutefois mentionné qu'aucun système ne les soutient dans leurs démarches, et qu'il n'y a tout simplement pas de système d'éducation pour les Premières Nations du Canada. M. Haldane a déclaré que sans ce soutien, il était très difficile pour les personnes impliquées dans le milieu d'aider les jeunes Autochtones à développer leur plein potentiel.

Le comité, formé de trois membres, a été nommé l'an dernier par le ministre des Affaires autochtones, John Duncan, et le chef national de l'Assemblée des Premières Nations, Shawn Atleo.

Le ministre Duncan a refusé mercredi de dire si l'une ou l'autre des recommandations contenues dans le rapport trouvera un écho dans le budget fédéral de ce printemps.

«Je ne vais pas spéculer sur le budget parce que je n'en ai aucune idée. Les échéanciers dont nous parlons sont ce à quoi nous aspirons. L'argent ne peut pas tout résoudre. Ce dont nous avons besoin, ce sont des changements de structures, entre autres. Tout le monde le dit. Le chef national le dit. Le comité national le dit», a soutenu le ministre Duncan.

Le rapport est le tout dernier d'une longue liste d'études sur le faible taux de diplomation au secondaire et de réussite post-secondaire chez les autochtones du Canada.

L'opposition néo-démocrate a demandé mercredi à ce que les recommandations du comité apparaissent dans le budget fédéral.

«Ces recommandations n'ont rien de surprenant. Un nombre incalculable de rapports - dont plusieurs rédigés par le bureau du vérificateur général - ont proposé des mesures favorables à l'éducation des Premières Nations, avec peu de résultats», a indiqué la députée néo-démocrate Linda Duncan, dans un communiqué. «Le fait est que l'écart entre l'éducation des étudiants autochtones et non autochtones a augmenté. Les élèves autochtones ne devraient pas avoir à attendre davantage pour que leur droit à l'éducation soit respecté.»

La porte-parole libérale en matière d'affaires autochtones a elle aussi demandé au gouvernement conservateur de ne pas perdre de temps dans la mise en application des recommandations contenues dans le rapport. La députée Carolyn Bennett a souligné dans un communiqué que le document réitérait des informations déjà bien connues.

«Toute réforme dans l'éducation des Premières Nations doit miser d'abord et avant tout sur l'enfant, et le financement doit être basé sur les besoins réels de la communauté», a-t-elle écrit. «Les libéraux ont demandé à ce que le fossé dans le financement de l'éducation des autochtones soit comblé immédiatement. Le gouvernement Harper doit appliquer les recommandations financières urgentes du comité dans le prochain budget.»