Le mouvement contre la hausse des droits de scolarité continue de se répandre. D'ici au début de la semaine prochaine, le cap des 100 000 étudiants et cégépiens en grève générale illimitée sera franchi.

Pendant que quelques milliers d'étudiants et élèves en grève ont manifesté à Québec hier après-midi, pour protester contre la hausse des droits de scolarité, plusieurs associations collégiales et universitaires ont continué à tenir des votes.

Les élèves du collège Édouard-Montpetit ont ainsi voté massivement en faveur de la grève générale illimitée.

Plusieurs associations ont aussi en poche un mandat de grève qu'elles comptent déclencher à compter du 3 ou du 5 mars. Le calendrier universitaire prévoyait une semaine de lecture - pendant laquelle il n'y a pas de cours - dans plusieurs établissements la semaine prochaine.

En revanche, plusieurs examens étaient à l'horaire cette semaine, ce qui explique que plusieurs associations aient décidé de ne déclencher la grève que la semaine prochaine.

«Plusieurs ont décidé de faire leurs examens et par la suite de tomber en grève. Ça permettait de subir un peu moins de problématiques pour les étudiants», indique la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Martine Desjardins.

D'autres associations ont pris le temps de s'entendre avec les directions et les professeurs. Dans plusieurs établissements d'enseignement, les activités se poursuivent malgré le mouvement de contestation, notamment en ce qui concerne les stages.

«Il y a des ententes entre les associations et le corps enseignant pour que certaines compétences qui sont préalables à des stages puissent être données», explique le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Léo Bureau-Blouin.

Plusieurs établissements ont diffusé une directive rappelant aux professeurs qu'ils sont tenus d'offrir les cours. Certains professeurs envoient même par courriel des notes de cours et des lectures obligatoires aux étudiants et élèves.

Cette situation irrite la Fédération des associations étudiantes du campus de l'Université de Montréal (FAECUM) qui a vivement dénoncé hier «l'attitude fermée» de l'Université.

«Dans le cas des étudiants qui manifestent, ils ont le droit de s'exprimer, mais les étudiants qui veulent avoir leurs cours ont aussi le droit de les suivre», explique la responsable des communications à l'Université de Montréal, Flavie Côté.

À ce jour, près de 75% des étudiants et élèves en grève font partie de la CLASSE, la Coalition élargie de l'ASSÉ, estime l'une des porte-parole, Jeanne Raynolds. «Le mouvement prend de l'ampleur», dit-elle.

De leur côté, la FECQ et la FEUQ achèvent leur travail d'information auprès de leurs membres. De nombreuses associations tiendront des votes de grève au cours des prochains jours et une manifestation d'envergure est prévue le 22 mars, à Montréal. Les membres de la CLASSE décideront lors de leur congrès du week-end s'ils seront du nombre.

Plusieurs associations ont toutefois rejeté la grève générale illimitée, optant plutôt pour des grèves d'une journée, au moment des grandes manifestations.

C'est le cas notamment des étudiants en droit, en éducation physique et kinésiologie, en relations industrielles et en sciences infirmières de l'Université de Montréal. Même chose pour ceux qui étudient en médecine à l'Université de Sherbrooke et à l'Université Laval, de même que pour les étudiants de l'École nationale d'administration publique.

C'est tout de même un signal très fort qui est envoyé au gouvernement, soutiennent les dirigeants des organisations étudiantes. «C'est très contraignant, par exemple pour les étudiants de médecine, de manquer ne serait-ce qu'une journée de leur programme. C'est d'autant plus symbolique», affirme Martine Desjardins, présidente de la FEUQ.

Pressée de questions hier par l'opposition officielle, la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, a toutefois continué de maintenir sa ligne de conduite. «La décision, elle est prise parce que c'est une décision juste, responsable, raisonnable.»