Au lendemain d'une journée extrêmement tendue, étudiants et policiers se sont retrouvés dans un calme relatif, jeudi, au centre-ville de Montréal.

Pendant plusieurs heures, quelques centaines de manifestants ont circulé dans les rues de la métropole. Au plus fort de la manifestation, la police estimait que 800 personnes battaient le pavé.

Seuls deux accrochages sont survenus pendant la marche. En fin d'après-midi, l'arrestation d'un passant intoxiqué a créé un certain brouhaha parmi la foule de manifestants. Croyant voir un des leurs être appréhendé, des protestataires ont fait voler en éclats la vitrine d'une pharmacie.

Quelques dizaines de minutes plus tard, une échauffourée a éclaté entre une automobiliste et une poignée de manifestants. Entourée par le flot des manifestants, la femme a klaxonné à de nombreuses reprises et a tenté de lentement de se frayer un chemin à travers la foule. Les manifestants ont refusé de la laisser passer. La femme a alors accéléré en trombe, semant l'émoi parmi les étudiants, qui ont roué de coups le véhicule. Deux jeunes enfants étaient à bord.

Pour Léo Bureau-Blouin, président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), il s'agit d'événements isolés qui ne doivent pas éclipser le bon déroulement général de la manifestation.

«Ça s'est très bien déroulé, a-t-il affirmé à La Presse. C'est la preuve que les étudiants sont pacifiques et ne cherchent pas la confrontation. Mais quand même, on sentait une grogne des étudiants.»

Même son de cloche du côté de son collègue Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de la Coalition pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE). «Notre mouvement est capable d'utiliser toutes sortes de moyens pour se faire entendre. Des fois, des perturbations plus dérangeantes, des fois des manifestations plus calmes comme aujourd'hui (jeudi)», a-t-il indiqué.

L'ombre de Francis Grenier

Si des slogans sortaient de la bouche des manifestants, c'est la situation de Francis Grenier qui faisait l'objet des conversations. Mercredi, le jeune homme a été assez grièvement blessé à l'oeil droit pendant une manifestation étudiante. La CLASSE avance qu'il a été atteint par les débris d'une grenade assourdissante. Jeudi, les médecins ne pouvaient pas encore garantir qu'il ne perdra pas l'usage de son oeil (voir autre texte).

Dans les rues du centre-ville, nombreux étaient ceux qui portaient un carré de feutrine ou un bandeau rouge sur l'oeil, pour rendre hommage au jeune homme. «Nous sommes tous Francis Grenier», clamait une affiche brandie par un jeune homme masqué.

Les manifestants n'étaient pas en colère, mais bien «déçus» par le travail des policiers, a affirmé Fabienne, une étudiante qui arborait un carré rouge de maquillage autour de son oeil droit. «C'est une raison de plus d'être solidaire avec le blessé pour ce qui est arrivé mercredi.»

Les étudiants pensent aux femmes

Par ailleurs, en ce 8 mars, les étudiants ont souligné  la Journée internationale de la femme. Devant le bureau du ministère de l'Éducation, ils ont déposé une dizaine de roses rouges. Les fleurs se sont retrouvées aux pieds de deux des dix policiers antiémeutes qui surveillaient l'entrée de l'édifice.

À 18h, élèves et étudiants se sont joints à une marche qui était organisée dans le cadre de la Journée de la femme. Mais la forte pluie au début de l'événement a refroidi certains manifestants.

Au plus fort de l'événement, environ 300 personnes ont marché rue Sainte-Catherine en direction est. Dès le départ, les organisateurs ont rappelé aux manifestants qu'il s'agissait d'une action pacifique et que «des femmes de toutes les générations y participaient». Ils ont demandé aux femmes de se placer à l'avant du groupe. Certaines marchaient avec une poussette et de jeunes enfants.

Les gardiens de sécurité devant les commerces du centre-ville étaient parfois plus visibles que les policiers. La manifestation s'est terminée par des discours au square Phillips, un kilomètre plus loin. Le groupe s'est tranquillement dispersé et le SPVM a confirmé qu'il n'y avait aucun incident à noter.