François Legault a encouragé jeudi le gouvernement du Québec à maintenir la ligne dure envers les étudiants sur l'augmentation des droits de scolarité.

Des propos réconfortants pour le premier ministre Jean Charest qui semble déterminé à accroître le coût des études supérieures malgré la colère et la détermination des associations étudiantes.

En entrevue à La Presse Canadienne, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) a invité le gouvernement Charest à «rester ferme» et à ne pas succomber aux pressions des grévistes opposés à la hausse de 1625 $ des droits de scolarité sur une période de cinq ans.

«Il ne faut pas commencer à reculer sur l'essentiel à chaque fois que des groupes de pression manifestent. Sans remettre en cause la paix sociale, il faut tout de même être ferme concernant l'importance d'augmenter les frais de scolarité au Québec», a dit M. Legault.

À ses yeux, le redressement des droits de scolarité au Québec n'est pas seulement souhaitable, mais incontournable pour mieux financer les universités et prévenir un exode des meilleurs professeurs.

«Il faut essayer de faire comprendre aux étudiants que c'est d'abord pour eux qu'on doit améliorer le financement des universités si on ne veut pas continuer, comme ça arrive entre autres à l'Université de Montréal, de perdre des professeurs parmi les meilleurs au profit d'autres universités en Amérique en Nord», a-t-il soulevé.

En revanche, selon le leader de la CAQ, la ministre de l'Éducation Line Beauchamp doit garder ouvert «un canal de communication» avec les étudiants pour convenir des moyens à prendre pour assurer l'accessibilité aux études supérieures.

À cet égard, la ministre Beauchamp devrait s'inspirer de la position adoptée par la Coalition, a souligné M. Legault.

«Il y a des étudiants et des familles qui peuvent et qui doivent payer plus, mais il y a des familles plus démunies pour qui la hausse des droits pourrait causer un problème d'accessibilité. Cela ne se réglera pas en reniant l'augmentation des frais, mais en bonifiant le programme de prêts et bourses et en instaurant un mécanisme de remboursement proportionnel au revenu», a-t-il suggéré.

De passage en Outaouais, le premier ministre Charest n'a pas donné l'impression d'être sur le point de fléchir devant le mouvement de grève des étudiants, bien au contraire.

La compétitivité des universités québécoises à l'échelle du monde passe par une croissance des droits de scolarité, a-t-il fait valoir.

«La vraie question, c'est: «Est-ce que nous allons avoir des universités qui vont être de calibre mondial?» C'est pour ça qu'on a pris une décision longuement réfléchie, longuement débattue», a expliqué le premier ministre.

D'après M. Charest, les craintes soulevées par les leaders étudiants au sujet de l'accessibilité aux études universitaires ne passent pas la rampe.

Pour les étudiants les plus pauvres, la hausse des droits sera à coût nul, a-t-il rappelé.

«Un étudiant qui reçoit une bourse actuellement va recevoir une augmentation de sa bourse équivalente à la hausse des frais de scolarité. On protège les étudiants les moins nantis, on protège l'accessibilité», a-t-il dit.

De son côté, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, a condamné l'intransigeance affichée par le gouvernement Charest dans ce dossier.

En refusant les appels au dialogue, le premier ministre «a l'air de prendre pour acquis que c'est terminé, qu'il ne touchera à rien, alors que des étudiants crient au secours», a déclaré Mme Marois.

«C'est inacceptable de la part d'un gouvernement qui veut imposer une hausse inimaginable aux étudiants. Avez-vous vu dans d'autres secteurs de notre collectivité, de notre économie, de notre fiscalité, des hausses de 75%?», a-t-elle lancé.

Le mouvement prend de l'ampleur

Pendant que les politiciens prennent position sur la question de l'augmentation des droits de scolarité, le mouvement de grève des étudiants continue de prendre de l'ampleur. Plus de 30 000 étudiants de l'Université Concordia se sont joints au mouvement mercredi, portant le total à plus de 160 000, et des votes de grève ont encore lieu dans des institutions collégiales et universitaires à travers le Québec.

Le porte-parole de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante, Gabriel Nadeau-Dubois, affirme que le mouvement n'est pas sur le point de s'essouffler et ira au contraire en s'accentuant. Selon lui, la balle est dans le camp de la ministre Beauchamp.

M. Nadeau-Dubois affirme que les menaces d'annulation de la session en cours n'ont aucun effet sur les étudiants, car il est impossible selon lui d'annuler une session à cause de l'effet entonnoir qui bloquerait l'accès aux milliers de finissants du secondaire.

«On ne dit pas qu'il n'y a pas de conséquences académiques à la grève. Les sessions vont probablement être prolongées, c'est dommage, mais ce que les gens en grève répètent, c'est que la conséquence est minime comparativement à ce qu'on peut gagner par cette grève, soit assurer l'accès à l'éducation pour les générations futures», a-t-il dit.

Le leader étudiant note que la menace d'annulation de session a été brandie à chaque conflit sans jamais être mise à exécution.