Pendant que les étudiants manifestent, leurs parents s'inquiètent, car ils savent que ce sont eux qui devront absorber une large part de la hausse des droits de scolarité.

«C'est sûr que d'augmenter les frais de 75%, ça va toucher des parents. Et ceux que ça va toucher, c'est ceux de la classe moyenne», dénonce François Paquet, ancien président de la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ), se faisant le porte-parole des parents.

Celui qui a quitté son poste en juin, après 15 années passées à titre de président, est bien placé pour comprendre la situation. Il a une fille inscrite à l'université, une autre au cégep.

«Je me considère comme chanceux, on y arrive, dit-il. Mais ce qui me choque, c'est qu'il y a des familles qui n'auront plus les moyens d'envoyer leurs enfants à l'école. Ça ne fait pas longtemps que les Québécois vont à l'université.»

Dimanche, M. Paquet entend joindre sa voix à celle des étudiants dans le cadre de «manifestations familiales» organisées par la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) un peu partout au Québec.

Les jeunes des régions risquent d'ailleurs d'être plus durement frappés par la hausse, affirme-t-il. Lorsqu'il faut payer un logement à l'extérieur et la facture d'épicerie en plus des droits de scolarité et des frais afférents, la facture grimpe rapidement.

«Est-ce qu'on va dire aux jeunes de l'Abitibi qu'ils doivent étudier en génie minier parce que c'est ce qui est offert là-bas? Il faut que le jeune puisse développer sa passion et son potentiel. Il ne faut pas qu'on le brime», déclare l'ancien président du FCPQ en rappelant que toute la société profite du savoir et de l'expertise des diplômés universitaires.

Obligation juridique

En vertu du Code civil du Québec, les parents sont tenus de contribuer financièrement aux études de leurs enfants, et ce, même après l'âge de 18 ans.

La méthode de calcul du programme d'aide financière aux études tient compte de cette contribution dès que le revenu familial brut atteint 30 000$.

Dans une note économique réalisée en mars 2011, la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) a pourtant affirmé que 40% des étudiants inscrits au premier cycle ne reçoivent aucune aide financière de leurs parents.

En fait, dans les familles dont le revenu varie entre 30 000 et 60 000$, la moitié des étudiants peuvent compter sur un coup de pouce de leurs parents. Cette aide financière comble 13% de leurs dépenses.

Dans les familles qui gagnent plus de 60 000$, la proportion d'étudiants qui peuvent compter sur une contribution parentale grimpe à 75%. Ce soutien financier permet de couvrir 20% de leurs dépenses.

La note économique précise que «les parents ne contribuent pas financièrement aux études de leurs enfants parce qu'ils n'ont pas l'argent pour le faire».

Les travailleurs parlent de leur inquiétude devant la hausse des droits de scolarité, affirment les dirigeants syndicaux.

Des parents qui ont un revenu familial de 40 000$, ont une maison à payer et des enfants à l'école «s'arrachent les cheveux», déclare le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Réjean Parent. «C'est une attaque de plein fouet à la classe moyenne.»

Les familles feront face à un endettement supplémentaire avec cette hausse, croit la vice-présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Denise Boucher.

«On sait que les familles de la classe moyenne sont passablement endettées. On parlait récemment d'un endettement de 127% en excluant la question de l'hypothèque. En plus, bien souvent, les deux parents travaillent», souligne-t-elle.

Cette prise de conscience de la part des parents réjouit le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Léo Bureau-Blouin. Il souhaite qu'ils s'engagent encore davantage dans le débat.

«On voit de plus en plus de parents qui se montrent solidaires à la cause des étudiants parce qu'ils se rendent compte qu'en augmentant les droits de scolarité, on s'attaque à leur portefeuille.»

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Les parents québécois champions de la contribution

Contribution parentale estimée pour les programmes de prêts et bourses de différentes provinces. Le salaire est brut et pour la simulation, les deux parents gagnent le même salaire. La simulation porte sur une famille ayant deux enfants, dont un seul va à l'université.

Salaire familial de 30 000$

Québec: 704$

Ontario: 0

Alberta: 0

Colombie-Britannique: 0

Nouveau-Brunswick: 0

Salaire familial de 60 000$

Québec: 5900$

Ontario: 0

Alberta: 0

Colombie-Britannique: 0

Nouveau-Brunswick: 0

Salaire familial de 80 000$

Québec: 11 294$

Ontario: 324$

Alberta: 176$

Colombie-Britannique: 233$

Nouveau-Brunswick: 2003$

Sources: Canadalearn, ALE