La police de Montréal a usé de gaz irritant CS pour repousser un groupe d'étudiants qui manifestait cet après-midi devant les bureaux de Google, rue McGill College, où le premier ministre Jean Charest devait prononcer une allocution.

Ils étaient entre 300 et 400, et provenaient en bonne partie de l'université de Montréal, mais aussi de McGill et Concordia, en plus de quelques cégeps.

La manifestation s'est amorcée vers 14 h 30, et s'est déroulée pacifiquement, quoique bruyamment, les étudiants y allant de leurs habituels slogans.

À un moment, un groupe s'est introduit dans le portique du bâtiment, entre les deux rangées de portes, la seconde étant verrouillée.

Subitement, des policiers du groupe d'intervention qui sont entrés par la porte arrière ont surgi devant les manifestants. Pour les repousser sur le trottoir, ils les ont notamment aspergés, généreusement, de gaz irritant CS.

Les jeunes ont reculé au pas de course, et plusieurs ont été momentanément incommodés.

«Descends de ta tour d'ivoire et viens nous parler, plutôt que nous gazer», a alors lancé un des manifestants incommodés à l'attention du premier ministre.

Avant cet incident, un des faits marquants de la manifestation était la présence très visible d'étudiants de l'Université McGill, habituellement considérés comme moins militants que les autres, pour des raisons linguistiques et économiques, entend-on souvent dans les rangs étudiants.

Un préjugé en partie fondé, croient des étudiantes de second cycle du département de littérature française de McGill, en grève pour une première semaine.

«Il y a une différence culturelle. Notre département est plus francophone, et on a voté pour la grève presque à l'unanimité», explique Julie Turcotte.

«Beaucoup de gens à McGill disent qu'ils ne sont pas concernés par la hausse, que ça ne les dérange pas», renchérit sa consoeur Luba Markovskaia.

Mais leur amie Catherine Renaud nuance.

«Il y a tout de même une bonne population étudiante à McGill qui dépend des bourses et qui est affectée. Mais il y a une forte pression de nos pairs pour ne pas manifester», indique-t-elle.

À McGill, les 8000 étudiants de la Post Graduate Student Society, soit tous ceux qui sont à la maîtrise ou au doctorat, on voté en faveur d'une grève de trois jours.

Plusieurs des étudiants et même quelques professeurs rencontrés à la manifestation se plaignent de recevoir de la direction de la réputée institution des courriels de mises en garde, «de menaces» selon certains, pour les dissuader de participer à la mobilisation étudiante.

«On nous dit que si on fait la grève, nous devrons en subir les conséquences», précise Rémi Gauvin, étudiant en droit.

Les étudiants de la Law School de McGill ont voté à 48 % en faveur d'une levée de cours d'une journée, le 22 mars prochain.

«Il n'y a jamais eu de grève en 191 ans de cette école, mais ça n'a jamais passé aussi près, note Rémi Gauvin. Pour la manifestation nationale de jeudi, même si on n'est pas en grève, on sera au moins 100 étudiants en droit sur place. Nous sommes solidaires même si nous ne sommes pas les plus touchés par la hausse. Je paie mes études, mais je sais que quand je serai avocat, je pourrai payer mes dettes. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde», conclut-il.

«Nous avons choisi de manifester ici aujourd'hui parce que Google, c'est jugement le type d'emploi qui demande une bonne scolarité qui représente l'avenir du Québec. Si Jean Charest mise là-dessus, il doit nous écouter», explique Léo bureau-Blouin, président de la Fédération étudiante collégiale du Québec.

Ils sont maintenant 210 000 étudiants en grève, sur 440 000 au total dans nos cégeps et universités.