Le premier ministre Jean Charest reste inflexible malgré la grande manifestation étudiante et les actions de «perturbation économique» d'hier. La décision d'augmenter les droits de scolarité de 75% en cinq ans est «le reflet d'une politique qui est juste», a-t-il plaidé.

Selon lui, les étudiants interviennent trop tard dans le débat et ont eu tort de «boycotter la discussion» quand elle a eu lieu.

De son côté, la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, a déploré que les étudiants aient bloqué l'entrée du port de Montréal en matinée. «Si on nuit à l'activité économique, si on empêche les gens d'aller au travail, c'est carrément mordre la main de celui qui paie la facture», a-t-elle accusé avant la période des questions à l'Assemblée nationale.

La manifestation, «je la reçois avec beaucoup de respect, mais je dois aussi écouter la majorité silencieuse, celle qui ne peut pas être dans les rues parce qu'elle travaille. [...] Est-ce qu'on va refiler la facture à ces gens qui sont au travail? Déjà, ce sont eux qui font le plus grand effort dans le financement des universités», a-t-elle ajouté.

Pour Jean Charest, les étudiants s'y prennent trop tard pour exprimer leur point de vue. Le gouvernement a déjà «organisé une discussion» avec les associations étudiantes, un sommet sur l'éducation postsecondaire en décembre 2010. «On a invité les étudiants à s'asseoir et à discuter avec nous. Ils ont choisi de boycotter la discussion malheureusement, a-t-il dit. Ce que nous avons fait, c'est vraiment une longue discussion, une réflexion, et là nous avons une décision qui est le reflet d'une politique qui est juste et qui est fondée sur notre volonté d'avoir un système de calibre mondial.»

Les droits annuels de scolarité passeront de 2168 à 3793$ d'ici cinq ans, une hausse de 1625$. M. Charest a noté qu'un étudiant paiera à terme 17% des coûts de sa formation. «Ceux qui font l'effort le plus important, ce sont les contribuables de la classe moyenne», a-t-il ajouté.

Les droits de scolarité restent les plus bas au Canada, alors que le programme des prêts et bourses est le plus généreux, a renchéri Mme Beauchamp. Elle reproche aux étudiants de réclamer «la gratuité scolaire totale» ou de refuser de discuter de leur contribution.

M. Charest et Mme Beauchamp ont appelé les étudiants à manifester «dans l'ordre, de manière pacifique».

Ils accusent la chef du Parti québécois, Pauline Marois, de ne pas condamner les actions de «perturbation économique». Si elle prend le pouvoir, Mme Marois promet d'abolir la hausse de 1625$ du gouvernement Charest, mais elle n'exclut pas de la remplacer par une autre, moins importante. Elle organiserait un sommet et prendrait position par la suite seulement. «Je regrette que Mme Marois soit incapable de se prononcer sur cette question. Je pense que c'est un échec et un manque de leadership», a lancé Jean Charest.