Une semaine cruciale s'amorce pour le mouvement étudiant. Le nombre de jours manqués en raison de la grève commence à poser problème, au point où des syndicats de professeurs se réunissent cette semaine pour discuter de la question.

Si la grève perdure la semaine prochaine, certains établissements d'enseignement devront empiéter sur la période estivale.

Au collégial, la loi prévoit obligatoirement des trimestres de 82 jours, évaluations incluses. Les étudiants doivent suivre une formation de 45 heures dans chaque cours.

Les professeurs doivent aussi bénéficier de deux mois de vacances entre le 15 juin et le 1er septembre.

«Nous ne sommes pas loin du moment où il va falloir se poser des questions», affirme le président de la Fédération nationale des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), Jean Trudelle.

Convocation à huis clos

Préoccupée par la situation, la Fédération a d'ailleurs convoqué les 46 syndicats qui la composent - soit 85% du réseau collégial - pour discuter de la question à huis clos jeudi. Une conférence de presse suivra.

La grève étudiante, qui a été déclenchée à la mi-février, risque d'entraîner des coûts supplémentaires, surtout si des cours doivent être repris le week-end, comme le laisse entrevoir la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp.

«Il y a un problème qui se pose avec la convention collective, explique M. Trudelle en réitérant toutefois l'appui de ses membres aux étudiants.

Les contrats de travail au collégial prévoient de l'enseignement le soir, dans des situations exceptionnelles, mais pas les week-ends.

La grève étudiante en est à sa sixième semaine. Les premières facultés universitaires ont décrété la grève le 14 février. Au collégial, c'est le cégep du Vieux Montréal qui a déclenché le mouvement le 17 février.

«Nous sommes encore dans une zone aménageable, mais on est très préoccupés par la situation de quelques collèges», confirme le président-directeur général de la Fédération des cégeps du Québec, Jean Beauchesne, en entrevue.

Il souligne que quatre cégeps sont en grève depuis plus de quatre semaines, tandis que sept autres le sont depuis plus de trois semaines. Cela représente au total le quart du réseau des cégeps.

Scénarios à l'étude

Plusieurs universités et collèges songent à des scénarios pour permettre aux étudiants de rattraper leur trimestre.

Au cégep de l'Outaouais, la direction révise la situation de semaine en semaine. Le calendrier s'échelonne désormais jusqu'au 14 juin, une donne qui pourrait changer puisque les étudiants se prononcent tous les vendredis sur la reconduction de la grève.

Plusieurs associations sondent d'ailleurs leurs membres cette semaine. Hier, pas moins de cinq établissements ont choisi de reconduire la grève, dont les étudiants en traduction de l'Université de Montréal, qui ont décrété une grève illimitée jusqu'à ce que le gouvernement «dépose une offre».

En 2005, la grève avait duré près de sept semaines. Une quinzaine de cégeps avaient dû prolonger leur trimestre jusqu'à la fin du mois de juin. Le trimestre d'automne avait même été décalé dans certains cas. Au plus fort du mouvement, 200 000 étudiants étaient en grève.