Les chambres de commerce lancent un cri d'alarme: un prolongement de la session des cégépiens et des étudiants universitaires en grève pourrait créer une grave pénurie de main-d'oeuvre temporaire cet été.

Le débrayage n'a pas que des impacts sur la vie des étudiants québécois. Selon Françoise Bertrand, PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), c'est tout le réseau touristique qui en pâtira si la grève repousse la fin de la session aux calendes grecques.

Problèmes dans le tourisme

«Je penserais que, dans le tourisme, l'impact sera majeur», a expliqué Mme Bertrand, en entrevue avec La Presse. «Ce sont des maux de tête et des pertes [financières] parce que si vous n'avez pas le personnel, comment allez-vous être capables d'offrir les services?»

La FCCQ ne disposait toutefois pas de chiffres précis sur les pertes potentielles pour le secteur privé. Même son de cloche chez son collègue de la métropole, Michel Leblanc. Il y a deux semaines, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain a acheté des emplacements publicitaires dans plusieurs médias pour «briser des mythes» relatifs à la grève étudiante. Si les étudiants devaient rattraper leurs cours durant la période estivale, «c'est toute notre activité économique qui en souffrirait», conclut notamment la chambre.

M. Leblanc estime qu'il s'agira notamment d'un problème majeur pour beaucoup d'entreprises qui ne sont pas dans le tourisme. «Les étudiants sont aussi une main-d'oeuvre qui travaille pendant que les travailleurs annuels prennent leurs vacances. Ça va faire une pression dans les entreprises», estime-t-il.

Si M. Leblanc et Mme Bertrand redoutent des difficultés pour certains secteurs économiques, ils continuent d'appuyer la position ferme du gouvernement envers le mouvement étudiant. Les deux organisations se sont déjà positionnées pour la hausse des droits de scolarité.

«Je trouve difficile pour le gouvernement de revenir à table [si les étudiants] font une condition sine qua non qu'il n'y ait pas de hausse des droits de scolarité», explique Françoise Bertrand.

«Jongler» avec les disponibilités

À La Ronde, par exemple, on dit «suivre la situation de près». Catherine Tremblay, responsable des communications, promet que le parc d'attractions ouvrira ses portes le 19 mai, comme prévu. La situation obligera toutefois l'entreprise à «jongler» avec les disponibilités de ses jeunes employés, admet-elle.

La main-d'oeuvre estivale de La Ronde est composée «en grande partie» d'étudiants, mais les retraités y sont aussi représentés, a spécifié Mme Tremblay.