Il est toujours possible de «rendre meilleur» le régime de prêts et bourses, a déclaré le premier ministre Jean Charest mardi, en entrouvrant légèrement la porte à un compromis avec les étudiants. L'aile jeunesse de son parti lui demande d'instaurer un mode de remboursement des dettes d'études proportionnel au revenu. Ni le bureau de M. Charest ni celui de la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, n'excluent cette option.

Jean Charest a une fois de plus été questionné sur le conflit qui oppose son gouvernement et les étudiants et cégépiens, mardi, au cours d'une conférence de presse portant sur le prolongement de la promenade Samuel-De Champlain à Québec. Il est demeuré inflexible sur la hausse des droits de scolarité de 75% en cinq ans.

Bonification

Mais lorsqu'on lui a demandé s'il est «ouvert à quelque compromis que ce soit», il a aussitôt abordé la question de l'aide financière aux études. Et dans des termes qu'il n'avait pas utilisés jusqu'ici. «Au fil du temps, on va toujours chercher à améliorer notre système de prêts et bourses qui est le plus généreux en Amérique du Nord», a-t-il dit. Il a rappelé que les bourses totalisent 500 millions de dollars par année. Puis il a ajouté: «Est-ce que c'est possible de rendre meilleur notre système? La réponse sera toujours oui à ça, peu importe le jour où vous me posez la question. La réponse sera toujours oui.»

Québec a déjà annoncé une bonification de 118 millions de dollars des prêts et bourses d'ici à 2017-2018. Line Beauchamp s'est contentée de rappeler cette mesure lorsqu'on lui a demandé de commenter la mince ouverture du premier ministre. Son cabinet et celui du premier ministre refusent d'écarter une révision du total de 118 millions.

Réunie en assemblée le 18 mars, la Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec a réitéré son appui à la hausse des droits de scolarité. Mais elle a également demandé au gouvernement - et c'est moins connu - d'instaurer un programme de remboursement proportionnel au revenu, une position qu'elle défend depuis 2008. Sa présidente, Maripier Isabelle, en a d'ailleurs fait la promotion sur les médias sociaux mardi. Les cabinets de M. Charest et de Mme Beauchamp n'ont pas voulu mettre cette idée de côté.

Les étudiants ne lâchent pas le morceau

La mince ouverture de Jean Charest est «une bonne nouvelle», mais les étudiants et cégépiens veulent «plus que ça», a réagi le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, Léo Bureau-Blouin. Selon sa collègue de la Fédération étudiante universitaire, Martine Desjardins, «ça pourrait être bien de bonifier le régime de prêts et bourses, mais avant d'en arriver là, il faut geler les frais de scolarité».

Au cours de sa conférence de presse, Jean Charest a voulu rappeler «avec beaucoup d'insistance» que la hausse des droits de scolarité a fait l'objet de débats «sur une bonne période de temps» et que sa décision a été «longuement mûrie». «On est toujours à l'écoute des étudiants, et on est sensible à ce qu'ils expriment. Cela étant dit, le choix que nous faisons est pour l'avenir du Québec, pour avoir un système d'éducation postsecondaire de calibre mondial», a-t-il soutenu. Il a rappelé que, à terme, les étudiants paieront 17% des coûts de leur formation. «Ce n'est pas une ligne dure. C'est une position raisonnable, qui demande à tous de faire un effort.»

- Avec David Santerre