Le président-directeur général de la Fédération des cégeps en a assez des commentateurs qui «infantilisent» les étudiants québécois en laissant entendre qu'ils ne comprennent pas les enjeux de leur grève ou qu'ils sont manipulés par leurs représentants.

«Dans ce débat, ce qui est un peu tannant, c'est qu'on a voulu infantiliser les jeunes à bien des égards. Ils savent très très bien dans quoi ils s'embarquent», a insisté Jean Beauchesne lors d'une conférence de la Fédération, mardi matin.

«Dans certains rapports qu'on a faits de ce conflit, on tente de rappeler aux étudiants qu'il y a 82 jours de cours et d'évaluation... J'ai lu dans certains médias qu'il faut rappeler aux étudiants les conséquences de leurs gestes, mais ils le savent très bien! Ils savent les marges de manoeuvre et de réaménagement du calendrier, ils savent jusqu'où peut être l'extrême limite, ils savent quelle est l'obligation d'heures de cours par étudiant et la marge de manoeuvre pour réaménager la période d'examens», a-t-il ajouté.

Comme les directions d'établissement et les enseignants, les étudiants qui boycottent leurs cours savent que, à partir d'un certain point, le trimestre doit être prolongé, ajoute M. Beauchesne. Il précise toutefois que jamais un trimestre n'a été annulé dans l'histoire du Québec.

«L'étudiant qui sait qu'il ne finira pas à la mi-mai et qui avait un emploi qui l'attendait, il sait très bien qu'il va perdre des revenus, ce sont  des choses que savent les jeunes adultes qui sont chez nous», a-t-il dit.

Quant à la possibilité que le processus de vote ait été vicié et que les associations étudiantes manipulent leurs membres, il la balaie d'un revers de main. «Je n'y crois pas ! Je crois qu'il y a eu moins de dérapages dans les votes dans les collèges que dans des situations autres que l'enseignement», dit-il.

À son avis, la grève constitue un apprentissage formateur pour les étudiants, quelle que soit leur opinion de la chose.

«J'ai salué le fait que ça se passe démocratiquement. C'est dommage qu'on ne puisse pas mettre de note ou d'évaluation à côté de ça», lance-t-il.

Seule ombre au tableau, le vandalisme commis dans les bureaux de la Fédération des cégeps cette semaine par quelques manifestants masqués. «Ça demeure mineur, ce n'est pas catastrophique, mais ça n'aide pas la cause des étudiants», dit-il.

Il assure que la question du calendrier scolaire est «préoccupante» mais que des arrangements sont encore possibles pour limiter les dégâts. «Au moment où on se parle, même au Vieux-Montréal, qui est sorti à partir du 17 février, c'est jouable», dit-il.

La conférence de presse avait été organisée par la Fédération des cégeps pour dévoiler les résultats d'un sondage sur les services de francisation dans le réseau collégial. Ils révèlent que 89 % des personnes immigrées se disent satisfaites des cours de francisation suivis au cégep, et 87 % apprécient le fait de suivre ces cours parmi des adultes plutôt que des enfants.

Le sondage Léger Marketing a été réalisé alors que les cégeps craignent de perdre des ressources de francisation au profit des commissions scolaires.