Le centre-ville de Montréal a pris des allures de carnaval, jeudi, lorsque quelque 1500 étudiants, arborant masques et déguisements de toutes sortes, ont envahi les rues pendant près de 2 heures.

Les participants s'étaient d'abord donné rendez-vous au square Phillips, vers midi, avant d'emprunter quatre trajets pour autant de manifestations simultanées sur un thème précis, désigné par les couleurs des lignes du métro de Montréal: vert pour la gratuité scolaire; orange pour dénoncer la «violence» du gouvernement dans son refus de dialoguer et la hausse «brutale» des droits de scolarité; bleu pour critiquer la récupération de la grève étudiante par des partis politiques et des organisations étudiantes; jaune pour dénoncer les briseurs de grève.

Dans l'ensemble, cette grande mascarade organisée par des associations étudiantes de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) s'est déroulée dans le calme.

Trois personnes ont toutefois été arrêtées pour des méfaits. Des graffitis ont notamment été dessinés sur les murs du cégep du Vieux Montréal. Des ballons remplis de peinture rose ont aussi été lancés sur des voitures de patrouille garées près du quartier général de la police.

La plupart des manifestants étaient masqués en signe de dérision. «Aujourd'hui, on est dans la drôlerie, la satire. On se moque de la police qui veut chaque fois qu'on fournisse un itinéraire. On leur en a donné un. Et on jettera du sel, qui est le remède au poivre», a ainsi expliqué une manifestante.

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Les participants ont entamé leur marche vers midi et demi. Ils sont passés devant les universités Concordia et McGill, où ils ont pressé les étudiants de les rejoindre. Ils ont aussi défilé devant les édifices de Loto-Québec et d'Hydro-Québec.

Un groupe s'est ensuite arrêté devant l'îlot Voyageur, symbole de la mauvaise gestion des universités aux yeux des contestataires.

La tension a monté d'un cran lorsqu'un groupe de manifestants s'est dirigé vers le pont Jacques-Cartier, bien gardé par des policiers, mais ils ont vite bifurqué vers le boulevard René-Lévesque.

À sa sortie d'un restaurant, le comédien Vincent Bolduc s'est joint à eux. «Il faut marcher avec eux. Dans mon cas, ce n'était pas prévu aujourd'hui, mais je vais en profiter pour faire un petit bout et me rendre à mon prochain rendez-vous», a-t-il dit, un carré rouge épinglé à son manteau.

À plusieurs reprises, les manifestants se sont promenés parmi les automobilistes, qui ont exercé leur patience. Certains ont klaxonné en signe d'appui.

Les manifestants se sont réunis brièvement dans le Quartier des spectacles avant de tous bifurquer vers l'UQAM. Un groupe d'une cinquantaine d'étudiants a d'ailleurs interrompu bruyamment une réunion sur l'entrepreneuriat minier.

La manifestation s'est terminée dans la cour intérieure du complexe des sciences, où des manifestants ont brûlé une effigie du premier ministre Jean Charest, sous le regard désapprobateur de certains.

En fin d'après-midi, tous les manifestants s'étaient à peu près dispersés.

Plus tôt dans la journée, un autre groupe avait bloqué l'entrée du palais de justice de Montréal en appui aux manifestants arrêtés au début de la grève, lors d'une occupation nocturne du cégep du Vieux-Montréal.

Symbolique des couleurs

Ligne verte : pour la gratuité scolaire;

Ligne orange : contre la « violence» de la hausse des droits de scolarité, la répression policière et le refus du gouvernement d'ouvrir le dialogue;

Ligne bleue : les manifestants dénoncent ce qu'ils appellent la récupération des fédérations étudiantes dans le conflit;

Ligne jaune : contre les briseurs de grève et ceux qui signent des «ententes au rabais».

Avec la collaboration de David Santerre, Hugo Meunier, Émilie Bilodeau et Philippe Teisceira-Lessard.

Photo: André Pichette, La Presse

Les étudiants, réunis au centre-ville de Montréal, avant le départ de la «grande mascarade».