De passage à Gaspé, vendredi, le premier ministre Jean Charest a justifié l'augmentation des droits de scolarité en alléguant que les étudiants allaient absorber 17 pour cent du coût, alors que dans les années 1960, les étudiants assumaient 25 pour cent du coût. Par ailleurs, les associations étudiantes ont salué l'ouverture de la ministre de l'Éducation Line Beauchamp.

Les étudiants réclament toutefois une plus grande ouverture de la part de la ministre Beauchamp en vue de discuter des droits de scolarité, pas seulement de l'aide financière.

La Fédération étudiante universitaire (FEUQ) et la Fédération étudiante collégiale (FECQ) ont rencontré la presse vendredi matin devant le Collège Rosemont, à Montréal, pour exprimer leur satisfaction de voir la ministre entrouvrir la porte à des discussions avec les étudiants en grève, mais exprimer aussi leur insatisfaction de voir qu'elle refuse d'emblée leur revendication de gel des droits de scolarité.

Le président de la FECQ, Léo Bureau-Blouin estime que le noeud du problème se situe autour des droits de scolarité à l'université. Selon lui, la ministre ne peut donc pas occulter complètement cette situation-là.

En après-midi, vendredi, des centaines d'étudiants se sont rassemblés devant la maison de Jean Charest à Westmount, dans le but de sensibiliser les citoyens mieux nantis.

Ils étaient aussi nombreux à manifester un peu partout au Québec, dont à Gaspé, où le premier ministre Jean Charest était de passage pour faire la promotion du Plan Nord, et à Québec devant l'Assemblée nationale.

Toutefois, le premier ministre n'a pas fléchi. «Quand on inclut le calcul du crédit d'impôt auquel ont droit les citoyens québécois sur les droits de scolarité, ça revient à une augmentation de 235 $ par année. À terme, quand seront terminées les augmentations, les étudiants vont assumer 17 pour cent du coût, alors que dans les années 60, les étudiants assumaient 25 pour cent du coût. Et c'est très raisonnable surtout quand on tient compte du fait que chaque étudiant coûte aux contribuables québécois 12 500 $ par année.»

Jeudi, la ministre Beauchamp s'était dite ouverte à discuter avec les associations étudiantes en grève, mais avait répété qu'il n'était pas question de gel des droits de scolarité, ce que revendiquent la FECQ et la FEUQ, ou de gratuité scolaire, ce que veut la CLASSE (Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante).

En entrevue, vendredi, la ministre a réitéré sa position. Il n'y aura pas de discussion sur la base de la contribution financière des étudiants. «Je ne peux pas aller m'asseoir à une table avec les étudiants et dont le sujet de discussion est: "à qui d'autre vous devez refiler la facture." Non, je n'accepterai pas de refiler la facture à quelqu'un d'autre», a-t-elle dit.

La porte reste ouverte, a précisé Mme Beauchamp, si les étudiants veulent discuter de l'accessibilité aux études ou de la gestion des universités. Mais les fédérations étudiantes croient que la ministre ne peut pas limiter ainsi le cadre des négociations.

Entre-temps, d'autres actions sont à venir de la part des étudiants, notamment une autre grande manifestation à Sherbrooke, la circonscription du premier ministre Jean Charest, le 4 avril.

«On s'attend vraiment à plusieurs milliers d'étudiants. Le 22 mars, on a fait la plus grande manifestation de l'histoire de Montréal. On s'est donné le défi de faire la plus grande manifestation de l'histoire de Sherbrooke», a indiqué M. Bureau-Blouin.

Par ailleurs, les associations étudiantes FECQ et FEUQ, d'une part, et la CLASSÉ, d'autre part, qui ont traditionnellement vécu quelques tensions, semblent vouloir se rapprocher de façon plus formelle.

M. Bureau-Blouin a précisé que ces associations allaient discuter pour «mettre sur pied un comité inter-associatif de négociation», arguant que «c'est extrêmement important que les étudiants continuent de faire front commun, continuent d'être unis».

«Entre chaque organisation, ça arrive des fois qu'il y ait de petits irritants, mais nous on veut vraiment abaisser ça au maximum. On pense que les étudiants n'en ont que faire des guerres de bannières. L'important, c'est de «focuser» sur la cible», a plaidé M. Bureau-Blouin.