L'Université du Québec à Montréal (UQAM) s'est entendue, mercredi, avec ses étudiants en grève pour que ces derniers cessent de bloquer l'accès aux pavillons de l'établissement.

Les parties ont ainsi évité un débat devant la Cour supérieure au sujet de la demande d'injonction déposée par l'UQAM la veille au palais de justice de Montréal. La juge Micheline Perrault n'a eu qu'à entériner l'entente intervenue entre les parties.

Les grévistes ne doivent plus empêcher les étudiants et les employés d'entrer dans les pavillons de l'UQAM, d'en sortir ou d'y circuler, selon cette entente. Ils n'ont pas le droit, non plus, d'intimider qui que ce soit.

«Cette entente ne statue pas sur le fond de l'affaire, soit le droit de grève ni le droit de faire du piquetage», a tenu à préciser l'une des avocates des associations étudiantes,

Me Sibel Ataogul.

La judiciarisation

La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) déplore la judiciarisation du débat, mais elle se réjouit tout de même du fait qu'une entente a été conclue.

«J'y vois une défaite du gouvernement Charest dans sa tentative d'instrumentaliser les établissements universitaires pour arriver à casser le mouvement de grève», a indiqué son vice-président, Yanick Grégoire. Cette injonction ne découragera pas les étudiants en grève, au contraire, prévient-il.

«La grève va continuer. Le piquetage symbolique aussi, tout en respectant l'ordonnance rendue de ne pas bloquer l'accès aux pavillons», a ajouté un membre de la direction de l'Association facultaire étudiante de science politique et droit de l'UQAM, Benoît Lépine.

Si les étudiants de l'UQAM ne se conforment pas à l'injonction, ils risquent de se voir imposer une amende allant jusqu'à 50 000$ ou encore une peine de prison allant jusqu'à un an.

L'entente est valide jusqu'au 19 avril.

Requête de 303 pages

La requête de 303 pages avait été envoyée, mardi, aux dirigeants des associations étudiantes des six facultés de l'UQAM en grève depuis le mois de février. Seule l'École des sciences de la gestion n'est pas en grève.

Dans sa requête, l'UQAM citait une série d'actes de perturbation, dont le blocage des accès de certains pavillons, qui ont «grandement compromis» la sécurité des étudiants, des employés et de la population en général. Les policiers ont dû intervenir à quelques reprises. L'UQAM craignait que la situation «s'aggrave davantage».

C'est la première fois depuis le début de cette grève qu'un établissement d'enseignement s'adresse au tribunal. Des étudiants lui avaient cependant tracé la voie.

Demandes d'injonction

Plus tôt cette semaine, les grévistes de l'Université Laval ont dû céder le passage à un étudiant qui voulait assister à son cours d'anthropologie à qui la Cour supérieure venait d'accorder une injonction provisoire.

Un étudiant en droit de l'Université de Montréal a eu moins de succès avec la même demande. Son cas était différent puisque son association étudiante n'était plus en grève.

La ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, se défend pour sa part d'encourager les établissements ou les étudiants à se tourner vers les tribunaux. «Je respecte ceux qui prennent de tels moyens. Je les trouve courageux. Mais la vraie piste de solution, c'est qu'on ait un dialogue sur l'aide financière aux études et le thème de l'accessibilité aux études universitaires», a-t-elle dit hier.

- Avec Tommy Chouinard