La bonification du programme de prêts et bourses proposée par le gouvernement risque d'aggraver le problème d'endettement étudiant et ne constitue en fait qu'une opération de relations publiques, dénoncent les organisations étudiantes.

Tant les fédérations étudiantes que la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) estiment que ce n'est pas suffisant pour mettre fin à la grève, qui dure maintenant depuis sept semaines.

Les organisations promettent toutefois de sonder leurs membres sur leur désir de se prononcer ou non sur l'offre du gouvernement.

«Nous avons notre congrès en fin de semaine et nous allons adopter notre position officielle sur la recommandation ou pas de cette offre», a indiqué le porte-parole de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois.

Mais la CLASSE estime que la bonification de 21 millions apportée au régime de prêts et bourses est «une opération de relations publiques bien plus qu'un réel dialogue honnête avec les associations étudiantes».

Même réaction du côté de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), qui croit que l'offre est «loin d'être suffisante».

«C'est une imposition de quelque chose sans faire de véritables calculs. Ça nous a pris une heure pour réaliser que leurs calculs ne fonctionnent pas. On est en train de jouer à un jeu dangereux, un jeu électoraliste», a déclaré la présidente de la FEUQ, Martine Desjardins.

Les mesures proposées ne règlent rien et aggravent l'endettement des étudiants, a ajouté Mme Desjardins, en rappelant que la FEUQ s'est déjà prononcée contre un régime de remboursement proportionnel au revenu, en 2005.

Selon la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), l'annonce d'aujourd'hui est un signe que le gouvernement est acculé au mur et que les étudiants doivent maintenir la pression.

Le 10 avril est en effet une date butoir dans plusieurs universités et cégeps. Si la grève perdure après cette date, les trimestres d'hiver ne pourront être prolongés sans empiéter sur les vacances estivales, ce qui entraînera des coûts importants et des maux de tête pour les administrations.

Les étudiants doivent continuer la lutte, croit le président de la FECQ, Léo Bureau-Blouin. «Si la ministre est prête à réduire le financement des universités, c'est qu'elle est prête à discuter des droits de scolarité à l'université, qui sont le noeud du problème.»

La FECQ va tout de même réunir ses associations en assemblée téléphonique extraordinaire ce soir pour discuter de la question. Elle se donne le congé pascal pour réfléchir à la proposition.

«Mais je ne pense pas que ça va être jugé suffisant par nos membres », avance M. Bureau-Blouin.

Les trois organisations étudiantes ont par ailleurs réitéré qu'elles souhaitent rencontrer la ministre pour discuter de la situation, ce qui n'a pas été fait à ce jour.

Autres réactions

La conférence des recteurs et principaux des universités du Québec (CREPUQ) reçoit pour sa part positivement l'offre soumise par Québec.

«Toute mesure qui vise à accroître l'accessibilité est une bonne nouvelle», souligne le président et directeur général de la CREPUQ, Daniel Zizian. Il rappelle que la CREPUQ a toujours répété que «toute hausse des droits de scolarité doit nécessairement être accompagnée d'une bonification du programme de prêts et bourses».

En revanche, les universités font face à un important défi, reconnaît M. Zizian. Le gouvernement Charest leur demande en effet d'aller chercher auprès des entreprises et des particuliers 20 millions de plus que ce qui avait été prévu dans le plan de financement des universités.

«On entend faire les efforts supplémentaires qu'il faut pour aller dans le sens de ce qui est annoncé par le gouvernement, indique M. Zizian.  Chaque établissement va regarder comment il peut faire.»

De son côté, le Mouvement des parents contre la hausse dénonce les mesures annoncées hier, dans lesquelles il ne voit qu'un endettement supplémentaire.

Les mesures «accentuent la privatisation» du système d'éducation et renvoie «les plus démunis au crédit et à l'endettement à vie», dénonce le Mouvement, qui promet d'être présent au grand rassemblement qu'organise la CLASSE lundi prochain au parc Émilie-Gamelin, à Montréal.