Le gouvernement Charest a annoncé des bonifications au régime de prêts juste avant le congé pascal, mais il n'a pas convaincu les représentants des étudiants en grève de rentrer en classe.

Jeudi, la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, et son collègue des Finances, Raymond Bachand, ont proposé un accès élargi aux prêts et l'instauration d'un mode de remboursement des dettes d'études proportionnel au revenu (RPR).

Cette annonce «montre notre bonne foi et notre volonté de régler les inquiétudes liées à l'accessibilité des études», a fait valoir Mme Beauchamp. Mais le gouvernement reste «ferme» sur la hausse des droits de scolarité de 75% en cinq ans, a-t-elle ajouté.

Dorénavant, aucune contribution parentale ne sera prise en compte dans le calcul de l'aide financière jusqu'à un revenu familial de 60 000$ - c'est autour de 30 000$ à l'heure actuelle. Les étudiants dont les parents ne gagnent pas plus de 100 000$ auront droit à un prêt qui permettra «généralement» de couvrir les droits de scolarité et le coût du matériel scolaire (en 2016-2017, il sera de 4525$ dans certains cas).

Québec estime que plus de 50 000 étudiants auront droit à des prêts additionnels. Les bourses, elles, restent inchangées.

Facture refilée aux universités

Les bonifications, qui seront en vigueur à l'automne, coûteront 21 millions de dollars à terme, en 2016-2017. Québec refile la facture aux universités en réduisant d'autant leur financement. Elles devront se tourner vers le mécénat et la philanthropie pour compenser, a indiqué Line Beauchamp. Un défi, reconnaît la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec, qui se dit prête à y faire face.

Rappelons que Québec avait déjà annoncé une bonification de 118 millions des prêts et bourses d'ici à 2017-2018.

Le remboursement proportionnel au revenu (RPR) sera par ailleurs mis en place à l'automne 2013. Le gouvernement n'a donné aucun détail. Il fera une proposition au comité consultatif sur l'accessibilité financière aux études.

Rejet en bloc

Les associations étudiantes ont rejeté en bloc hier la proposition de la ministre de l'Éducation sur la bonification du régime de prêts et ont appelé les étudiants à poursuivre la grève. En point de presse en fin d'après-midi, les leaders des trois grandes associations étudiantes à l'origine du mouvement contre la hausse des droits de scolarité, la FEUQ, la FECQ et la CLASSE, ont qualifié d'insultante la proposition formulée jeudi par le gouvernement Charest.

Les représentants de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) ainsi que de la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) ont déclaré qu'ils feront désormais front commun pour faire fléchir le gouvernement sur la question des droits de scolarité.

Ils ont affirmé se sentir plus près que jamais de la victoire, alors que des discussions ont été entamées avec le ministère de l'Éducation pour organiser une rencontre avec la ministre Beauchamp au début de la semaine prochaine.

Les mesures annoncées par le gouvernement constituent essentiellement une «opération de relations publiques» à quelques jours de la date butoir pour sauver le trimestre d'hiver sans empiéter sur les vacances estivales, estiment les différentes organisations étudiantes.

Réactions de l'opposition

Le Parti québécois estime que le gouvernement agit dans «l'improvisation» et «sert du réchauffé». Québec avait déjà proposé le RPR en janvier 2005. Il avait abandonné l'idée deux mois plus tard, préférant créer un programme de remise de dette.

À l'époque, Québec avait précisé que son programme de remboursement proportionnel au revenu coûterait 60 millions par année. Il voulait rendre admissibles seulement les diplômés qui ont un revenu d'emploi de moins de 25 620$ par année - 15% de ceux qui bénéficient de prêts. Il proposait en gros de rembourser en tout ou en partie les intérêts sur la dette jusqu'à ce que le revenu du diplômé dépasse le seuil fixé ou durant une période maximale de 10 ans.

La Coalition avenir Québec, qui appuie la hausse des droits de scolarité et qui milite pour le principe de remboursement proportionnel au revenu, trouve néanmoins «bâclée» l'annonce du gouvernement. Il lui reproche de ne viser que les prêts, ce qui augmentera l'endettement étudiant.

- Avec La Presse Canadienne

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Bonification des prêts étudiants

50 000 Nombre d'étudiants estimé par le ministère de l'Éducation qui auront droit à des prêts additionnels en fonction de la proposition faite jeudi par par la ministre Line Beauchamp. Le nombre d'étudiants touchant des bourses restera inchangé.