Si une déclaration commune des associations étudiantes a pu laisser croire qu'elles font maintenant front commun contre le gouvernement Charest, elles demeurent dans les faits toujours aussi divisées.

Vendredi, les têtes d'affiche du mouvement étudiant étaient réunies pour une conférence de presse à Montréal. Une conférence «historique», puisque c'était la première fois que les fédérations étudiantes et la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) marchaient sur leur orgueil et organisaient un événement commun, malgré les tensions qui existent entre elles.

Mais quelques dizaines de minutes après le début de la conférence, un communiqué de presse diffusé par les trois grandes organisations étudiantes a dû être retiré de la Toile et des fils de presse. Pourquoi? L'expression «front commun» contenue dans le titre a fait grincer des dents dans le mouvement.

«On n'a jamais voté pour ça», a écrit l'une des déléguées au congrès de la CLASSE dans Facebook. «Lorsque nous avons vu le communiqué, quelques heures après le vote, plusieurs d'entre nous avons été choqués de lire le titre front commun.» La militante en question préfère taire son nom.

Selon Gabriel Nadeau-Dubois, le communiqué laissait croire à «la mise sur pied d'un véritable front commun, ce qui n'était pas exact». Il admet avoir ressenti «un malaise» en voyant le terme «front commun» dans le communiqué.

Il refuse toutefois de préciser si le mouvement étudiant forme actuellement un front commun. «Ça dépend de ce qu'on entend par front commun», a-t-il affirmé en entrevue. Les organisations se sont entendues sur la nécessité de négocier à trois et de poursuivre la grève. «Sur ces deux points-là, il y a front commun.»

Mathilde Létourneau, bras droit de Gabriel Nadeau-Dubois depuis le début de la grève étudiante, a démissionné quelques heures après la fameuse conférence de presse.

«On a une façon de lutter et de voir la lutte complètement différente», a dit Mme Létourneau en entrevue.

Le lendemain de la conférence de presse, des délégués de la CLASSE ont présenté une motion de blâme contre M. Nadeau-Dubois et son équipe, a appris La Presse. La motion n'a finalement pas été adoptée, mais les délégués, par un vote majoritaire, lui ont toutefois demandé plus de transparence dans son travail. La CLASSE est la plus radicale des associations étudiantes nationales. Les tensions entre elle et les fédérations étudiantes sont très vives depuis la dernière grève étudiante, en 2005.