L'heure est critique pour le mouvement étudiant. Pourtant, près d'un millier de personnes se sont réunies à la place Émilie-Gamelin pour montrer qu'elles sont encore nombreuses à poursuivre le combat contre la hausse des droits de scolarité.

Zoé Burns-Garcia, élève en arts dramatiques au cégep de Saint-Laurent, sait que le temps presse et que certains cégeps ou universités annonceront peut-être bientôt l'annulation du trimestre. «Ça ne me dérangerait pas de perdre mon trimestre parce que nous avons réussi à mobiliser tellement de gens et à nous tenir debout. Ça me rend fière», a-t-elle dit.

Au Collège de Valleyfield, la direction a annoncé, il y a une dizaine de jours, qu'elle annulait les cours d'été en raison de la grève qui perdure. Malgré tout, Constance Lafleur, une élève de cet établissement, ne craint pas que l'administration annonce l'annulation du trimestre en cours. «La pression est sur les épaules du gouvernement. Après la grande manifestation du 22 mars, il pensait que notre mouvement allait s'essouffler. Ce n'est pas arrivé. Encore cette semaine, la ministre pense que la solidarité va s'effriter et ça ne sera pas le cas. Elle va être obligée de nous faire une offre», a-t-elle affirmé.

«Une hausse des droits de scolarité serait plus grave que l'annulation d'un trimestre», a ajouté l'élève en sciences humaines.

«Printemps québécois»

Plusieurs organisations syndicales, communautaires et écologistes se sont jointes au rassemblement organisé par la CLASSE. Tous ensemble, ils ont appelé la population à un «printemps québécois», en référence au printemps arabe qui, en 2011, a provoqué la chute de plusieurs régimes autoritaires.

Le discours de Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de la CLASSE, a provoqué beaucoup de ferveur. «Aux quatre coins du Québec, on parle du printemps québécois, on parle du printemps érable, a-t-il déclaré. L'école de la grève aura été la meilleure des formations pour nous. Une formation gratuite qui nous a appris ce qu'est la justice et ce qu'est l'injustice. On aura appris ce que sentent les gaz lacrymogènes et, surtout, on aura appris ce qu'est la résistance».

Par ailleurs, la CLASSE, la plus radicale des trois organisations étudiantes, a adouci son message et remet à plus tard la revendication de la gratuité scolaire. «Ce qu'il faut comprendre, c'est que nous avons une position de gratuité scolaire, mais il n'a jamais été dit que c'est ce que nous revendiquions cette année. Oui, on peut aborder la gratuité scolaire comme projet de société, mais en ce moment, ce n'est pas la revendication principale de la CLASSE», a dit Jeanne Reynolds, porte-parole de la coalition.

En plus des dizaines d'actions et de coups d'éclat prévus cette semaine, la CLASSE promet un grand rassemblement pour souligner le 9e anniversaire de l'élection du parti de Jean Charest, samedi après-midi. Sous le thème «Vers un printemps québécois», les organisateurs veulent dénoncer certaines décisions des gouvernements provincial et fédéral. «En fait, c'est une grève étudiante, mais on voudrait que ça devienne une lutte populaire», explique Mme Reynolds.