Au moment où la grève atteint un point décisif dans plusieurs universités et cégeps, des étudiants qui y sont opposés veulent intenter un recours collectif parce qu'ils s'estiment lésés, tant sur le plan scolaire que financier.



> Question du jour: Que devraient faire les étudiants?

L'idée circulait depuis un moment déjà dans les réseaux sociaux, mais le Mouvement des étudiants socialement responsables du Québec (MESRQ), qui représente les étudiants opposés à la grève, affirme qu'il y travaille sérieusement.

«On ne peut pas dévoiler trop de détails en ce moment, car nous en sommes encore à l'ébauche. Mais il y a assurément des gens lésés, et le recours collectif vise à réparer cette injustice», a déclaré le porte-parole du MESRQ, Simon Talbot, en entrevue à La Presse.

Certains étudiants en ont contre les organisations étudiantes qui les privent de leurs cours, explique M. Talbot. D'autres vont perdre des revenus importants l'été prochain s'ils ne peuvent pas travailler parce que le trimestre est prolongé.

La grève étudiante en est aujourd'hui à sa 57e journée. C'est davantage que lors de la grève historique de 2005, qui avait duré sept semaines.

Plusieurs universités et cégeps ont indiqué récemment que le 10 avril - aujourd'hui - est la date butoir pour la reprise des cours. Sinon, le trimestre d'hiver ne pourra pas être sauvé.

Les troupes divisées

Les étudiants sont de plus en plus divisés concernant la reprise des cours, comme le montrent les votes qui ont eu lieu dans les derniers jours.

Ainsi, les élèves du cégep de Matane rentrent en classe ce matin. Les étudiants des cycles supérieurs de l'Université Laval ont aussi voté pour la fin de la grève.

Même résultat au cégep d'Alma, où les élèves ont finalement voté pour la fin de la grève. La semaine dernière, un juge a ordonné la reprise des cours dans cet établissement à la suite de la requête d'un élève.

En revanche, la grève a été reconduite au cégep de Drummondville, mais dans une proportion de 52% seulement.

Ces résultats n'inquiètent pas le porte-parole de la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), Gabriel Nadeau-Dubois.

«Qu'on soit 190 000 ou 175 000 grévistes, il reste qu'on est au-dessus de tous les records. Après sept ou huit semaines de grève, on ne peut pas trouver surprenant que certaines personnes décident de rentrer en classe.»

La pression se fait sentir sur les étudiants et cégépiens, reconnaît le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Léo Bureau-Blouin. «Il y a toujours des risques. Il peut y avoir des impacts scolaires importants puisque la reprise des cours ne pourra pas se faire totalement de manière régulière.»

Mais la pression la plus importante repose actuellement sur les épaules du gouvernement, ajoute-t-il. «On souhaite discuter avec le gouvernement pour orchestrer une sortie de crise le plus rapidement possible.»

La présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Martine Desjardins, rappelle pour sa part que les établissements d'enseignement n'en sont pas à leur première grève qui repousse le trimestre au-delà du 10 avril.

«La date butoir est mise de l'avant par le gouvernement pour essayer de faire peur aux étudiants et les ramener sur les bancs d'école.»

Plusieurs votes sur la poursuite de la grève doivent par ailleurs avoir lieu cette semaine et la semaine prochaine.

- Avec la collaboration d'Émilie Bilodeau