Les étudiants en grève de l'Université de Montréal pourront continuer à manifester sur le campus, tant qu'ils ne bloquent pas l'accès aux locaux de l'établissement.

Le juge de la Cour supérieure Michel Caron a ainsi rejeté la demande de l'Université de Montréal visant à resserrer l'injonction provisoire obtenue mercredi.

En effet, moins de 48 heures après avoir obtenu une injonction pour empêcher le blocage des accès aux pavillons par ses étudiants en grève, l'Université de Montréal s'est de nouveau adressée au tribunal à la suite d'actes de vandalisme commis jeudi dans certains locaux.

L'Université de Montréal a haussé le ton en demandant qu'aucune manifestation n'ait lieu sur son campus.

Le magistrat a indiqué que rien ne permettait de conclure que la Fédération des associations étudiantes du campus de l'Université de Montréal (FAECUM) et sa présidente, Stéfanie Tougas, pouvaient être tenues responsable de ces actes de vandalisme.

«Malgré les événements regrettables d'hier, le Tribunal constate, à l'examen de l'affidavit de Mme Tougas, une volonté de respecter l'ordonnance, le respect de l'injonction et la prise de moyens pour assurer la diffusion du contenu de l'ordonnance», a souligné le juge.

Plus tôt aujourd'hui, l'Université de Montréal a fait valoir qu'elle était une propriété privée au même titre qu'un centre commercial. «À ce titre, l'Université est tout à fait en droit de demander que les manifestations soient interdites sur ses terrains. Il s'agit d'un droit fondamental», a plaidé l'un des avocats de l'Université de Montréal, Me Simon-Pierre Hébert.

«Environ 800 personnes ont saccagé un pavillon, hier soir. Elles ont forcé les portes avec ce qui ressemblait à un bélier alors qu'on était arrivé à une entente avec les associations étudiantes mercredi. La situation est totalement déplorable», a expliqué Me Hébert. Il n'est pas question de bafouer la liberté d'expression, a martelé l'avocat de l'Université.

La manifestation de jeudi n'était pas pacifique, a expliqué Me Hébert. Deux agents de sécurité ont subi un choc nerveux. D'autres employés ne se sont pas présentés au travail aujourd'hui par crainte de nouveaux actes de violence, selon l'avocat.

De son côté, la FAECUM s'est dissociée de ces actes. «Ça ne justifie pas les actes de vandalisme, mais en même temps, il faut comprendre la colère des étudiants. Chaque fois que l'Université est contrariée, elle se retrouve en cour contre ses étudiants», a dit sa présidente, Mme Tougas.

«L'Université n'est pas un Couche-Tard. C'est un lieu d'échange, de connaissance, de débat, financé par des fonds publics», a plaidé pour sa part l'avocat de la FAECUM, Me Paul St-Pierre Plamondon.

Aux yeux de la FAECUM, l'interdiction de manifester sur le campus aurait bel et bien brimé le droit des étudiants à la liberté d'expression, en plus d'envenimer le conflit qui les oppose au gouvernement Charest.

«La liberté d'expression des étudiants est préservée. C'est une grande victoire», s'est réjouie la présidente de la FAECUM à sa sortie de la salle d'audience. Elle a réitéré l'intention de la FAECUM de respecter l'injonction initiale rendue mercredi, qui ordonne aux étudiants de ne pas bloquer les accès au campus. Elle promet également d'améliorer la communication avec ses membres afin que tout le monde soit au courant de l'injonction provisoire, en vigueur jusqu'au 20 avril à 17h.

Le syndicat des professeurs de l'Université de Montréal était aussi d'avis que les amendements demandés par l'Université étaient «trop larges, trop flous» et pouvaient bafouer la liberté d'expression.

De nombreux étudiants ont assisté à l'audience au palais de justice de Montréal.